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D’un désert à l’autre
Les déserts médicaux s’étendent en France. Une situation qui ne favorise pas la pérennité des officines, en particulier des plus fragiles, qui voient le nombre de médecins généralistes – et donc leur chiffre d’affaires – baisser.
Plus de 30 % des Français résident dans un désert médical, 11 % sont sans médecin traitant et 1,6 million de citoyens renoncent aux soins. C’est le constat accablant de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, dans son rapport du 29 mars 2022. Et la situation ne va pas s’améliorer dans les années à venir.
Le nombre de médecins stagne
Selon les données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiées le 29 août 2023, le nombre de médecins ne va pas progresser dans les prochaines années. Au 1er janvier 2023, 99 500 médecins généralistes et 130 700 médecins spécialistes étaient en activité en France. Si le nombre des médecins spécialistes continue d’augmenter (+ 1 300), celui des médecins généralistes diminue toujours, avec 500 praticiens en moins par rapport au 1er janvier 2022. Les effectifs devraient donc stagner jusqu’en 2027. Et c’est seulement à partir de 2030 que l’on peut s’attendre à une hausse « assez importante », selon la Drees, des effectifs de médecins jusqu’en 2050 : + 1,7 % de croissance annuelle moyenne des effectifs entre 2030 et 2050. Pour autant, compte tenu de l’augmentation et du vieillissement de la population, le modèle montre une diminution de la densité médicale standardisée en France, qui retrouverait son niveau de 2021 seulement vers 2032. Ce n’est qu’en 2050 que la densité serait supérieure de 31 % à la densité actuelle.
Or, la densité, c’est-à-dire le nombre de médecins pour 100 000 habitants, est hétérogène d’un département à l’autre. Ainsi, pour les médecins généralistes, elle oscille entre 49 et 290 médecins selon les territoires. Par exemple, les Hautes-Alpes, Paris, les Pyrénées-Atlantiques et la Savoie comptaient au 1er janvier 2023 plus de 200 généralistes pour 100 000 habitants. En revanche, l’Eure-et-Loir, la Seine-et-Marne et l’Eure ne disposaient que de 90 praticiens pour 100 000 habitants. De plus, dans 70 départements, le taux de médecins généralistes a diminué : – 13,1 % dans la Creuse, – 12,05 % en Haute-Marne, – 12,05 % dans l’Eure-et-Loir, – 10,25 % dans le Cher. Il faut néanmoins noter que la densité a augmenté dans 29 départements et est restée stable dans 3 (Saône-et-Loire, Loire et Bas-Rhin).
Moins de chiffre d’affaires
La baisse du nombre de médecins a évidemment un effet délétère sur l’état de santé des populations, mais également sur la pérennité des pharmacies, notamment dans les zones rurales. Un prescripteur en moins, voire parfois plusieurs, a des conséquences immédiates sur l’économie de l’officine. « Lorsque le médecin de la commune est parti à la retraite, j’ai perdu 200 000 € de chiffre d’affaires », n’hésite pas à déclarer Jean-Jacques Courtin, titulaire de la pharmacie du Loir à Bazouges-Cré-sur-Loir, dans la Sarthe. Un manque à gagner qui peut mettre en péril l’officine. Celle-ci se retrouve prise en étau entre la délivrance de médicaments remboursés représentant au moins 80 % du chiffre d’affaires et un contexte économique difficile avec un effet ciseau entre l’augmentation des charges et la baisse des marges due en partie à la croissance des ventes de médicaments chers. Et ce, même si une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) ouvre dans une commune voisine. « C’est vrai que la pharmacie située à côté d’une MSP va gagner de la patientèle au détriment des officines des communes proches qui n’ont pas de médecin », remarque un titulaire exerçant en Isère.
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