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Du conseil pure souche

Publié le 13 septembre 2008
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Titulaire à Plaisance-du-Touch, en Haute-Garonne, François Roux est spécialisé en homéopathie et, plus largement, en « médecines douces » telles la nutrithérapie ou l’aromathérapie, auxquelles il a même consacré une « boutique » au sein de la pharmacie. Son credo : la prise en charge globale du patient. Et ça marche !

On ne sait toujours pas comment ça marche, mais le nombre de personnes qui reviennent me faire part de leur satisfaction est impressionnant ! », avoue dans un sourire le pharmacien de 46 ans. A la Pharmacie du Centre de Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne), où 15 personnes travaillent, François Roux est le « monsieur Homéopathie » et le créateur de « La Boutique des médecines douces », un espace consacré à l’homéopathie, la phytothérapie, l’aromathérapie et la nutrithérapie. Une réponse aux attentes de ses clients. « Ils souhaitent une prise en charge différente de ce qu’ils trouvent ailleurs. Je tente de leur offrir une réponse globale », résume le titulaire.

L’homéopathie, François Roux est tombé dedans par accident il y a vingt-six ans. Ce cartésien féru de maths et de chimie, alors en troisième année de pharmacie avec sa fiancée, fut sollicité par sa future belle-mère, titulaire, afin de suivre l’enseignement de l’école d’homéopathie de Toulouse. « Elle souhaitait mieux connaître la discipline car un médecin du quartier où elle exerçait s’y était mis », explique François Roux. Cette école du Centre d’enseignement et de développement de l’homéopathie (CEDH) proposait un enseignement d’homéopathie clinique aux médecins. « Pas grand-chose n’existait à l’époque pour former les pharmaciens à l’homéopathie, témoigne François. Je fus contraint et forcé de m’inscrire au CEDH. »

Sa soeur a été son « premier cobaye »

En plus des cours de pharmacie, François Roux rejoignait donc des médecins tous les vendredis et samedis afin d’apprendre la matière médicale homéopathique et la clinique. Le jeune homme, curieux, sera vite mordu. Certes, la qualité des intervenants et leur charisme sont indéniables, mais la passion de François pour l’homéopathie est véritablement amorcée par… la grippe de sa soeur. Clouée au lit avec 40° de fièvre, la jeune fille sera son « premier cobaye ». Il consulte ses cours, achète quelques tubes dans une pharmacie. « Le soir, elle n’avait plus rien ! », constate le pharmacien, impressionné par les résultats obtenus. Sa soeur l’est aussi. Elle lui demande alors de soigner ses règles douloureuses. Ce qu’il fait avec succès. Désormais, la passion pour la thérapeutique hahnemannienne ne quittera plus François Roux.

Après sa thèse sur Crotalus horridus (un venin de serpent) et le service militaire, François Roux fait un passage chez Boiron en tant que pharmacien adjoint du directeur de la succursale de Toulouse, avant de reprendre l’officine de sa belle-mère avec sa femme Marie-Pierre, en 1993. « A l’époque, l’homéopathie était rangée dans deux vieux meubles non visibles de la clientèle », se souvient François. Mais le terreau est bon. Le pharmacien sème les graines de l’homéopathie et arrose délicatement. Il commence par conseiller les copains et leurs enfants, en offrant les tubes ! Mais il note toujours ses conseils sur des morceaux de papiers. Au lieu d’inscrire « Fervex, trois sachets par jour », et « Bronchokod, une cuillère à soupe trois fois par jour », François écrit « Lycopodium 7 CH, trois granules le matin », et « Gelsemium 30 CH », trois granules le soir. Partisan des conseils simples, il s’enhardit et dépoussière son style peu à peu. Il abandonne le « Voulez-vous de l’homéopathie ? » pour proposer ni plus ni moins qu’un conseil. « Je ne suis pas obsédé par le fait de faire ou pas de l’homéopathie, mais par le fait de bien faire mon métier le mieux et le plus honnêtement possible », tranche François Roux.

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Prendre en charge le patient dans sa globalité

De fil en aiguille, le pharmacien s’intéresse à la globalité de la prise en charge du patient, étroitement liée aux concepts homéopathiques et aux demandes. C’est tout naturellement qu’il ramifie ses connaissances vers la phytothérapie, l’aromathérapie, la nutrithérapie et la diététique en général, « grâce, entre autres, à des séminaires organisés par Jean Seignalet, un immunologiste montpelliérain auteur de L’Alimentation ou La Troisième médecine ». Aujourd’hui, cette offre globale, regroupée sous le terme de « médecines douces », occupe un quart de son officine ! François avoue qu’il n’aime pas forcément le terme « douces », mais qu’« il a le mérite d’être compris par tous ».

Avec son sol en bois et ses couleurs pastel, « La Boutique des médecines douces » est un espace savamment éclairé. Trois meubles sont consacrés à l’homéopathie. « J’ai 18 tiroirs de granules et 8 de doses avec, au-dessus de chacun, toutes les spécialités homéopathiques, de Jénovérine à Sativol en passant par l’onguent KLC », précise le titulaire, qui référence tous les laboratoires homéopathiques. En moyenne, l’homéopathie représente 13 % en unités et entre 2,5 et 3,4 % en chiffre de la Pharmacie du Centre. En outre, François Roux milite pour décloisonner l’homéopathie. Il propose aussi Camilia dans le rayon « bébé » et Homéoptic au sein des collyres de la médication familiale allopathique. Bientôt, il exposera les spécialités autorisées en accès libre devant les comptoirs.

Création du DU d’homéopathie de la fac Toulouse

La Pharmacie du Centre fait une place de choix à l’homéopathie puisqu’elle fait toujours partie du « conseil du mois ». En devenir un spécialiste ne s’est pas fait du jour au lendemain. La culture homéopathique, son jargon et son approche, François les a acquis au fil des années, en lisant et en continuant à participer à des réunions mensuelles avec des médecins autour d’un thème donné, comme les états dépressifs. Parmi ses livres de chevet, François en cite deux : Homéopathie. Le conseil au quotidien, de Michèle Boiron, et Pharmacologie et matière médicale homéopathique du CEDH. Mais il est aussi l’auteur, avec Michèle Boiron, d’Homéopathie et prescription officinale, 42 situations cliniques, qui est le résultat de ces 26 années passées à conseiller et à enseigner. En effet, François Roux a conçu, en 2001, le DU d’homéopathie de la faculté de pharmacie de Toulouse, dont il est le responsable pédagogique et où il enseigne deux lundis par an. Il est en outre formateur au Centre de formation en homéopathie* qui forme pharmaciens et préparateurs sur un cycle de quatre jours puis sur huit journées de perfectionnement.

« Il y a un conseil officinal, c’est tout »

François Roux propose aussi l’homéopathie, entre autres, comme traitement adjuvant à certains effets secondaires d’anticancéreux Il n’hésite pas à passer au besoin une heure avec un patient qui souhaite gérer ses problèmes d’arthrose ou d’autres effets indésirables. Sa notoriété n’est plus à faire. Quand on le demande, il sait ce qu’on attend de lui : une réponse un peu différente, même s’il affine son conseil selon la symptomatologie et selon le patient, en mêlant homéopathie et allopathie. « Il n’y a pas un conseil homéopathique et un conseil allopathique, ni un conseil « médecines douces » et un autre « médecines dures ». Il y a un conseil officinal, c’est tout », conclut le pharmacien.

Envie d’essayer ?

Les avantages

– Dans un contexte de médecine à deux vitesses, le conseil homéopathique permet de prendre en charge des personnesqui n’ont pas les moyens d’acheter des médicaments allopathiques non remboursés.

– Les rapports humains sont au coeur de la pratique homéopathique, car on est amené à poser plus de questions personnelles. Le patient se sent davantage pris en charge.

– L’homéopathie permet aussi de se démarquer de ses confrères.

Les difficultés

– Pour être compétent, il faut se former et donc dégager beaucoup de temps et d’énergie.

– La reconnaissance des praticiens se construit au fil des années, impliquant de garder sereinement le cap, malgré le stress et la concurrence.

Les conseils de françois roux

– « Laissez toujours une trace écrite de votre conseil (sur un bloc, une feuille…) : cela participe aussi à l’observance. »

« Favorisez le conseil simple : des unitaires d’une même couleur (dilution) le matin et des unitaires d’une autre couleur le soir, des spécialités dans la journée avec des prises fréquentes en aigu… »

– « En tant que spécialiste, référencez toutes les spécialités et un nombre suffisant de granules et de doses afin de ne pas faire revenir les patients. »

– « Décloisonnez l’homéopathie avec une triple exposition : dans le rayon homéopathie, avec la médication familiale derrière et devant le comptoir. »

* CFDH, 20 route de la Libération, 69110 Sainte-Foy-lès-Lyon, tél. : 04 72 32 91 29.