Drogues : pourquoi la campagne choc du gouvernement fait un flop chez les jeunes

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Drogues : pourquoi la campagne choc du gouvernement fait un flop chez les jeunes

Publié le 11 février 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Le 6 février 2025, le ministère de l’Intérieur a lancé une campagne coup de poing pour dénoncer les ravages de la drogue. À travers un clip de 30 secondes, il accuse frontalement les consommateurs d’être complices des violences du narcotrafic. Une stratégie brutale suscitant scepticisme et rejet chez les jeunes.

Le message est sans ambiguïté : une ligne de cocaïne s’embrase, déclenchant incendies et destructions, avant de prendre la forme d’un corps en flammes. Le slogan martèle : « Chaque jour, des personnes paient le prix de la drogue que vous achetez. » Loin d’un simple avertissement, le gouvernement choisit la culpabilisation assumée.

Mais cette approche frontalement accusatrice passe mal. Jugée simpliste et caricaturale, elle réduit le débat à une équation binaire : consommer, c’est tuer. Un raccourci jugé excessif par les jeunes, qui pointent l’absence totale de prévention et d’informations sur les effets réels des substances. Au lieu d’ouvrir un dialogue, le clip se contente de désigner un coupable, sans proposer d’alternative ni de solutions.

Un discours trop brutal

En mettant toutes les drogues au même niveau, ce clip occulte des réalités essentielles. Fumer un joint et consommer de la cocaïne n’ont ni les mêmes effets, ni les mêmes implications criminelles. Cette confusion sape la crédibilité du message et alimente un sentiment de déconnexion avec la réalité du terrain.

Autre faille : l’absence totale de données concrètes. Pourtant, les chiffres du ministère sont accablants : 110 morts et 341 blessés liés au narcotrafic en 2024, 53,5 tonnes de cocaïne saisies (+ 130 % par rapport à 2023). Mais ces faits n’apparaissent pas dans la vidéo, laissant place à une mise en scène anxiogène sans réel appui factuel.

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Une campagne qui rate sa cible

Si l’intention de responsabiliser les consommateurs est assumée, cette stratégie semble créer une fracture avec une partie du public visé. Beaucoup d’experts attendaient une approche plus pédagogique et axée sur la prévention, mettant en lumière non seulement les conséquences collectives de la drogue, mais aussi ses effets sur la santé physique et mentale.