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Des pharmaciens mi-figue, mi-raisin
Les pharmaciens, dont les nerfs ont été mis à rude épreuve ces derniers mois, ont-ils encore le moral ? Le sondage réalisé par KPMG apporte une réponse en demi-teinte. S’ils craignent une érosion de leur taux de marge, les officinaux prévoient malgré tout une remontée du chiffre d’affaires.
1 Un chiffre d’affaires en hausse
Pour la seconde année, le pôle Réseau santé de KPMG a demandé à un panel de pharmaciens (170) de livrer leurs perspectives d’activité pour l’avenir. Comme en 2007, ils estiment que leur chiffre d’affaires devrait continuer à augmenter ou se maintenir (63 % des officinaux interrogés, contre 77 % en 2007). Cette estimation est la même du côté des partenaires des pharmaciens, notamment les banquiers (87 %) et les cabinets de transactions. « Le pourcentage de réponses des partenaires des pharmaciens qui plaident en faveur d’une augmentation du chiffre d’affaires est plus élevé qu’en 2007 », constate Patrick Bordas, responsable national du Réseau santé de KPMG Entreprises.
En 2008, l’essor du générique devrait moins tirer à la baisse le chiffre d’affaires car le taux de substitution a atteint un plafond de 82 %. En revanche, la pression sur les prix des génériques reste omniprésente. En outre, l’impact que pourrait avoir le médicament de prescription médicale facultative présenté en libre accès est encore une inconnue.
Les produits qui sortiront du lot en 2008 ? D’abord les génériques, puisque, pour 7 pharmaciens sur 10, leur volume d’affaires devrait de nouveau augmenter. En revanche, 44 % prévoient un tassement de leur chiffre d’affaires sur le segment des médicaments « éthiques » (contre 40 % en 2007), même si 29 % sont convaincus qu’il devrait augmenter cette année (contre 15 % en 2007). En revanche, malgré la perspective du libre accès, la part des pharmaciens à miser sur une croissance des produits OTC n’augmente pas (57 % en 2008 contre 54 % en 2007).
2 Un taux de marge bloqué
S’ils restent confiants sur le chiffre d’affaires, les officinaux se montrent plus réservés quant à l’avenir de leur marge. Et pour cause : ils sont seulement 18 % à penser qu’elle pourra augmenter en 2008, alors qu’ils étaient 26 % à partager ce sentiment l’année dernière. Cette fois-ci, les pharmaciens craignent que la marge sur le médicament remboursable baisse sous l’effet de la suppression des marges arrière. De même, la part d’officinaux prévoyant une stabilisation du taux de marge est seulement de 14 %.
Conséquence logique : 48 % des officinaux anticipent une baisse de leur résultat (en valeur) contre 59 % l’an dernier. Leurs partenaires partagent cette perception négative, prévoyant un fléchissement du résultat, en particulier les banquiers qui sont trois fois moins nombreux que les pharmaciens à penser que ce ratio clé va augmenter. A cet égard, l’étude de KPMG Entreprises dévoile que le sentiment des pharmaciens est néanmoins teinté d’optimisme. Ils sont 12 %, en effet, à attendre malgré tout une hausse de leur résultat, contre seulement 8 % en 2007.
3 Automates et MAD stars de 2008
Face à l’érosion des marges, que faire ? Pour continuer à se développer, les pharmaciens ont choisi leur voie : jouer davantage la carte de l’expertise. Ils sont en effet convaincus que des offres correspondant à l’évolution de la demande de santé et des pratiques de prise en charge pourront assurer l’avenir de l’officine. C’est pourquoi le MAD/HAD recueille 67 % des suffrages des titulaires comme relais de développement, enregistrant une hausse de 10 points.
Pour se montrer plus compétitifs, les officinaux savent, en outre, que l’union fait la force. Ainsi, selon KPMG, le groupement d’achat est plébiscité par 69 % des titulaires. Il faut également noter que, malgré la dégradation de la marge et de la rentabilité, la baisse des effectifs de l’officine n’est pas à l’ordre du jour. En revanche, les pharmaciens envisagent de s’équiper d’un automate (9 % des titulaires contre 1 % en 2007).
Quid du libre accès de l’OTC ? La perspective de passer devant le comptoir les produits OTC n’enchante guère les pharmaciens. Seuls 40 % souhaitent créer un espace spécifique.
4 Une gestion mieux maîtrisée
La volonté de mieux gérer son entreprise fait partie des tendances de l’étude. En effet, 44 % des pharmaciens déclarent avoir mis en place un tableau bord de gestion et 33 % un plan de trésorerie. De même, un pharmacien sur deux (52 %) suit sa marge en valeur de près. Le management semble également faire partie des préoccupations des titulaires puisque 34 % cherchent à mettre en place un système de motivation du personnel.
S’ils souhaitent améliorer la gestion de leur officine, la question du statut juridique reste encore en suspens. Ainsi, la SEL est un sujet d’interrogation pour les officinaux : si 17 % des pharmaciens l’envisagent, 27 % ne se prononcent pas. Quant à l’association, elle en tente seulement 17 %. Enfin, le changement de régime fiscal (passage de l’IR à l’IS) est globalement peu envisagé (13 %). Rendez-vous l’année prochaine pour savoir si ces questions recevront un écho plus favorable.
Méthodologie du sondage
L’enquête KPMG s’est déroulée du 18 février au 16 mars 2008 par des entretiens en face à face ou téléphoniques. Les pharmaciens représentaient 70 % des personnes interrogées (233 au total) et les partenaires 30 % (10 % de banquiers, 8 % de cabinets de transactions et 4 % de répartiteurs), tandis que l’Ordre, les syndicats et les cabinets de conseils en représentaient 8 %.
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