- Accueil ›
- Profession ›
- Socioprofessionnel ›
- « Dès février, la demande de masques de clients chinois m’a mis la puce à l’oreille »
« Dès février, la demande de masques de clients chinois m’a mis la puce à l’oreille »
La crise du nouveau coronavirus, Cédric Setrouk l’avait entrevue dès la mi-février. Installé à Pantin, en région parisienne, il se démène pour faire face aux pénuries, faisant fi des heures de présence au comptoir qui s’accumulent et du comportement irrationnel de certains clients.
Pénurie de masques, ruptures d’approvisionnement, décès de patients… Toutes les officines ont pris de plein fouet la vague épidémique du Covid-19 et chaque équipe pourrait témoigner individuellement de l’intensité physique et émotionnelle de cette épreuve. Il leur a fallu être réactives dès l’annonce du confinement en régulant les entrées et en instaurant un sens de circulation dans l’espace de vente et des marquages au sol. « Nous avons ajouté une barrière à l’extérieur pour que la file s’organise », rapporte Cédric Setrouk, installé à Pantin, en Seine-Saint-Denis.
Dans cette ville multiculturelle, son officine reçoit à la mi-février des clients paniqués en recherche de masques pour les envoyer à leurs familles en Chine. « A ce moment, j’ai compris que ce qui se passait là-bas allait arriver jusqu’à nous. » Alors qu’il est encore possible de le faire, le titulaire passe commande de masques, qui deviennent de plus en plus difficiles à se procurer. Le gel hydroalcoolique vient aussi à manquer. Cédric Setrouk se tourne vers des relais en Espagne, recherche des lingettes antiseptiques jusqu’au Portugal, encore peu touché par l’épidémie. « Un client ami a confectionné en grande quantité des cache-nez en tissu que nous distribuons à la clientèle. Ce n’est pas un masque réglementaire mais c’est toujours mieux que rien. »
Matériel médical pour l’hôpital
Dans ce climat de pénurie de matériel médical, le pharmacien et deux confrères proches veulent apporter leur soutien à l’hôpital Avicenne, situé dans la commune voisine de Bobigny. Ils parviennent à lui fournir des oxymètres connectés, les seuls modèles encore disponibles. Toutes ces initiatives se font au prix d’une inflation des horaires pour le titulaire. « Depuis le début de la crise, ce sont 30 à 40 heures de travail supplémentaires par semaine », constate-t-il.
Son adjoint et ses quatre préparateurs tiennent bon eux aussi. « Nous avons dû faire face à des emportements, au comportement irrationnel de certains patients, à quelques remarques déplacées sur les prix des solutions hydroalcooliques pourtant encadrés. Il a fallu assurer un fonctionnement de l’officine aussi normal que possible. D’ores et déjà, la pharmacie de proximité a montré qu’elle est l’un des piliers de notre système sanitaire. »
BIO Cédric Setrouk
2001 Diplômé de la faculté de Paris V (René Descartes)
2002 Adjoint à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
2007 Installation à Pantin (Seine-Saint-Denis)
- Economie officinale : les pharmaciens obligés de rogner sur leur rémunération
- Grille des salaires pour les pharmacies d’officine
- Explosion des défaillances en Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Occitanie
- La carte Vitale numérique, ce n’est pas pour tout suite
- [VIDÉO] Financiarisation de l’officine : « Le pharmacien doit rester maître de son exercice »
- [VIDÉO] Arielle Bonnefoy : « Le DPC est encore trop méconnu chez les préparateurs »
- [VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin
- [VIDÉO] Négociations, augmentations, ancienneté… Tout savoir sur les salaires à l’officine
- [VIDÉO] 3 questions à Patrice Marteil, responsable des partenariats Interfimo
- [VIDÉO] Quand vas-tu mettre des paillettes dans ma trésorerie, toi le comptable ?

