Déficit de la sécu à 25 milliards : comment les pharmaciens vont-ils tirer leur épingle du jeu ? 

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Déficit de la sécu à 25 milliards : comment les pharmaciens vont-ils tirer leur épingle du jeu ? 

Publié le 30 janvier 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt et Christelle Pangrazzi
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La Sécurité sociale est au bord du gouffre. En 2025, son déficit pourrait dépasser les 25 milliards d’euros, un niveau inédit hors période de crise. Vieillissement de la population, explosion des maladies chroniques, innovations médicamenteuses coûteuses : les dépenses s’emballent. Faut-il sauver le modèle existant à tout prix ou imaginer un système entièrement repensé ? Et surtout, quel rôle les pharmaciens joueront-ils dans cette mutation ?

Le rejet du PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) en fin d’année dernière a été un coup dur pour les finances publiques. L’annulation de mesures comme la hausse du ticket modérateur pour certains soins ou le plafonnement de la revalorisation des pensions a creusé un écart de près de 9 milliards d’euros entre les prévisions gouvernementales et la réalité budgétaire. Dans ce contexte, le modèle actuel de protection sociale peut-il encore tenir ?

Pour Nathalie Coutinet, économiste de la santé, la réponse est claire : « Si les dépenses augmentent, il faut augmenter les recettes. Une hausse des cotisations sociales serait la solution la plus logique et compréhensible pour les Français, à condition qu’elle s’accompagne d’une régulation des tarifs des mutuelles. » Une approche qui fait écho aux attentes de la population : selon un récent sondage Ipsos, l’avenir du système de santé est devenu la première préoccupation des Français.

À l’opposé, Frédéric Bizard, économiste et président de l’Institut Santé, estime que le modèle actuel est arrivé à bout de souffle : « Avec un déficit aussi abyssal, retrouver l’équilibre est une illusion. Il faut repenser entièrement notre approche et basculer vers un système centré sur la prévention, plutôt que sur la réparation. »

Le pharmacien, futur pilier de la prévention ?

Si cette transformation a lieu, le rôle du pharmacien pourrait évoluer en profondeur. Plutôt que de se limiter à la délivrance des médicaments, il deviendrait un acteur clé de la prévention et du suivi médical, en collaboration avec d’autres professionnels de santé. L’Assurance maladie envisage déjà plusieurs pistes : dépistages systématiques des populations à risque, accompagnement des patients dans la gestion de leur santé numérique, sensibilisation accrue sur des problématiques spécifiques comme la santé des femmes…

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Une chose est sûre : le pharmacien de demain ne ressemblera plus à celui d’hier. Coincés entre un système en déficit chronique et des attentes sociétales grandissantes, ils devront s’adapter à une nouvelle donne, quitte à voir leur métier se transformer en profondeur. Mais auront-ils réellement le choix ?