Décret « territoires fragiles » : des inégalités entre officines

Changement de ton du côté de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) concernant le projet de décret sur les territoires fragiles. Après avoir estimé dans un premier temps que le texte allait dans le bon sens, même si les critères retenus pouvaient être améliorés et affinés, la FSPF a rejeté le texte après la réunion de concertation avec le ministère de la Santé qui s’est tenue lundi 3 avril. « Cette réunion n’est pas parvenue à dissiper les doutes exprimés par la Fédération quant à l’efficacité de ce dispositif, confirme dans un communiqué Philippe Besset, le président de la FSPF. Nous avons relevé plusieurs insuffisances et zones d’ombre, notamment sur le choix de s’appuyer sur les territoires vie-santé, inadapté pour la profession de pharmacien, seule profession qui dispose de longue date de règles d’installation précises. » Le syndicat reproche également au projet d’accorder une marge de manœuvre excessive aux directeurs généraux d’ARS dans la définition de ces territoires, et regrette l’absence de critères économiques relatifs à l’activité des officines, ainsi qu’une approche insuffisamment prospective ne prenant pas en compte les officines en perte d’activité. « L’inadéquation des critères proposés à la réalité du terrain pouvant conduire, d’une part à écarter des officines en difficultés implantées au sein de territoires n’étant pas considérés comme fragiles, sans exclure, d’autre part, un effet d’aubaine en faveur d’officines viables implantées au sein de territoires fragiles », ajoute Philippe Besset.

La FSPF exhorte donc le ministère de la Santé à engager une démarche de co-construction avec le conseil national de l’Ordre des pharmaciens et les chambres patronales. « Le ministère de la Santé nous a demandé de lui fournir des propositions alternatives, ce que nous n’allons pas manquer de faire en concertation avec les autres instances représentatives de la profession, puisque nous partageons tous la même position sur ce sujet », conclut Philippe Besset en invitant le ministère de la Santé à « prendre en considération l’expertise des syndicats de pharmaciens d’officine, au niveau départemental. En effet, leur appréhension particulière du territoire sera utile à la détermination de la part de population résidant en territoires  » fragiles « , les difficultés rencontrées par les pharmaciens pour l’exercice de leurs missions étant autant d’obstacles actuels ou futurs auxquels pourraient se heurter les patients dans leur accès aux médicaments et aux soins. »