Décès de Naomi Musenga : point sur le paracétamol en cause

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Décès de Naomi Musenga : point sur le paracétamol en cause

Publié le 12 juillet 2018
Par Anne-Hélène Collin
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Le décès de Naomi Musenga, jeune femme raillée par le Samu de Strasbourg (Bas-Rhin) en décembre dernier et dont la conversation a été publiée dans la presse en avril, serait lié à « une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours », a annoncé le procureur de la République de Strasbourg, Yolande Renzi, dans un communiqué le 11 juillet.

Car le paracétamol, best-seller de l’automédication, est aussi à l’origine d’intoxications graves, parfois mortelles, en cas d’ingestion massive unique ou répétée. Ce que le grand public ne mesure pas.

Au delà du seuil de toxicité (8 à 10 g en une prise chez l’adulte, 150 mg/kg chez l’enfant), le paracétamol est responsable d’une cytolyse et d’une nécrose hépatiques, initiée par son métabolite actif : la N-acétyl-p-benzoquinone imine (NAPQI). Nausées, vomissements, anorexie, douleurs abdominales peuvent apparaître dans les 24 heures qui suivent l’ingestion. La lyse hépatique peut également être silencieuse : les premiers signes apparaissent plus tardivement (habituellement après 3 jours). Il est alors souvent trop tard et une greffe hépatique est le seul recours. Une consommation régulière de paracétamol peut appauvrir le stock de glutathion hépatique et fragiliser l’organisme. Les risques d’intoxication sont notamment majorés en cas de jeûne, de malnutrition, de consommation d’alcool. 

L’intoxication au paracétamol n’a rien de rare. A titre d’exemple, le centre antipoison de Lille (Hauts de France) a géré, entre 2000 et 2016, plus de 20 000 cas d’intoxication humaine liée au paracétamol, soit trois à quatre appels par jour, avec augmentation du nombre de déclarations en 2009, date de la mise en accès direct de médicaments à base de paracétamol. En 2015, la Suède, qui avait autorisé la vente de paracétamol en dehors des pharmacies, a fait marche arrière. Justement à cause d’une augmentation considérable du nombre d’intoxications (+ 40 %).

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Dès lors, au comptoir, il n’est jamais inutile de rappeler à chaque délivrance les doses maximales (qui peuvent varier selon les spécialités) : 4 g/j chez l’adulte, sans dépasser 1 g par prise, avec un minimum de 4 heures entre chaque prise. Dans tous les cas, les traitements ponctuels sont à privilégier.