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© Getty Images
Contamination : quels sont les pathogènes à craindre pendant les JO ?
Les agences de santé y réfléchissent depuis plusieurs mois et ont établi des recommandations spécifiques à destination des pharmaciens.
Les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024 ne sont pas seulement une grande fête du sport, il s’agit aussi d’un événement hors norme en ce qui concerne les risques liés aux agents pathogènes. 15 millions de visiteurs français et étrangers sont attendus entre le 26 juillet et le 8 septembre, et plus de 180 nationalités parmi les athlètes. L’exemple des précédents rassemblements sportifs incite à la vigilance. En juillet 2021, la finale de l’Euro de football à Londres, au Royaume-Uni, aurait provoqué la contamination de plus de 3 400 personnes par le Covid-19, selon Public Health England. Une étude australienne du Sydney Sexual Health Centre rapporte une hausse de la proportion de personnes présentant des symptômes d’infections sexuellement transmissibles (IST) pendant les JO de Sydney en 2000. « Le brassage de population généré par l’événement sur l’ensemble du territoire pourrait favoriser l’importation de maladies en provenance de pays où des pathologies sont endémiques », souligne la Direction générale de la santé (DGS).
Quels sont les risques ?
En amont du grand rendez-vous, les autorités sanitaires ont sonné le rappel. La DGS, les agences régionales de santé (ARS) et les agences sanitaires nationales, à savoir Santé publique France et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ont recensé une quarantaine de menaces pouvant avoir une incidence sur l’offre de soins pendant l’événement. Sont inclus le terrorisme, la pollution de l’air, les vagues de chaleur et les risques infectieux susceptibles de produire des clusters ou des épidémies. « C’est le cas des arboviroses autochtones et importées, des infections respiratoires aiguës, dont le Covid-19, des toxi-infections alimentaires collectives, des cas de maladies hautement contagieuses ou à signalement obligatoire » de type rougeole, méningites ou diphtérie, détaille la DGS. Des procédures sont prévues pour faire face à toute éventualité, en coordination avec la délégation interministérielle aux JOP et le comité d’organisation des Jeux.
Concernant les arboviroses, les maladies infectieuses transmises par des tiques ou des moustiques, la dengue est particulièrement sous surveillance. Le moustique-tigre, vecteur de la maladie, est présent dans au moins 78 départements de la métropole, dont ceux où se dérouleront les compétitions olympiques, à l’exception du Nord. En avril 2023, un avis du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) a alerté sur l’augmentation du risque d’épidémies de dengue, de Zika et de chikungunya en France métropolitaine, en raison du changement climatique. Pour Dominique Costagliola, directrice de recherche émérite de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Paris), « on pourrait assister à des poussées de maladies à transmission vectorielle si une personne infectée est piquée par un moustique qui propage alors la maladie. Même chose pour le virus du Nil occidental (West Nile) véhiculé par les oiseaux. L’Espagne a recensé des cas de fièvre du Congo apportée par des tiques. Avec l’évolution du climat, ce sont des phénomènes qui peuvent se développer. »
Autre motif d’inquiétude identifié par la chercheuse, en lien avec la nature festive de l’événement : les infections sexuellement transmissibles (IST). « Il n’est pas exclu que, dans ce condiv d’échanges, il y ait davantage de rapports sexuels improvisés et non protégés », souligne-t-elle. La vigilance porte sur le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), mais aussi sur les infections bactériennes à Chlamydia trachomatis et à gonocoque, ou encore la syphilis. Dominique Costagliola recommande aux pharmaciens d’orienter les patients vers le Cegidd le plus proche. Ces centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic peuvent pratiquer des dépistages du VIH, des hépatites et des IST de façon anonyme. « Il faut s’attendre à être confronté à des étrangers jeunes, ne disposant pas de gros moyens ni de protection sociale en France », souligne l’épidémiologiste.
Quid du Covid-19 et de ses variants ?
Ils font partie de la cartographie des risques réalisée dans le cadre de la préparation des JOP. Santé publique France produit une analyse de la situation tous les quatre mois, afin de surveiller la possibilité d’une reprise épidémique causée par l’émergence d’un nouveau variant. À ce stade, aucun facteur préoccupant n’a été identifié, mais le suivi se poursuivra pendant les Jeux. Les pouvoirs publics ont lancé une campagne de rappel vaccinal à destination des plus de 80 ans, des personnes immunodéprimées et des résidents d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). À surveiller aussi, la recrudescence des cas de rougeole et de coqueluche dans le monde, attribuée à une moindre couverture vaccinale.
Pour autant, les experts se veulent rassurants. Selon Pierre-Yves Boëlle, directeur de recherche Inserm à l’institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Paris), interrogé dans le magazine de l’établissement : « Un risque de flambée épidémique paraît peu probable lors des Jeux olympiques. L’été est généralement une période moins favorable aux épidémies virales et la population française, qui représentera l’essentiel des spectateurs, possède globalement une bonne couverture vaccinale contre les maladies usuelles. » « Le système de santé est prêt », affirmait le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux, le 7 avril dernier dans les colonnes du Parisien. Cela n’empêche pas d’anticiper cette période exceptionnelle, ne serait-ce qu’en raison des difficultés de circulation et d’approvisionnement qui vont affecter les pharmacies comme toutes les activités.
Recommandations aux officines
Interrogée sur le sujet, la DGS s’attend à un renforcement des services de garde. « Les officines pourront être ouvertes sur la base du volontariat. Nous conseillons aux acteurs officinaux d’anticiper la gestion des plannings estivaux et d’avoir un capacitaire en matière de ressources humaines légèrement supérieur à un été standard », fait-elle savoir. « Par ailleurs, nous recommandons aux officines situées à proximité des sites de compétition olympique qui seraient impactées par les restrictions de circulation d’anticiper et définir le plus en amont possible les modalités logistiques de livraison de produits de santé avec leurs partenaires de la répartition. » Le site du gouvernement anticiperlesjeux.gouv.fr permet de visualiser les périmètres de sécurité rouges et bleus de la capitale soumis à des autorisations pour les véhicules motorisés. Dans un article publié sur son site internet en janvier 2024, l’ARS Île-de-France cite le témoignage de Jean Pinson, directeur du centre hospitalier de Saint-Denis, établissement situé en première ligne pendant les JOP : « L’enjeu majeur sera celui de son accessibilité pour les patients et leur entourage, mais aussi pour nos propres équipes, du fait des restrictions de circulation sur les axes d’accès et de l’engorgement prévisible des transports en commun. » On le voit, les deux quinzaines impliquent une sacrée logistique pour les services de santé. Sans même envisager un scénario catastrophe, les officines doivent anticiper le surcroît de demande pour des traitements sans ordonnance comme le paracétamol. À ce titre, la DGS, en lien avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), réalise un suivi de l’approvisionnement en produits de santé afin de prévenir d’éventuelles tensions.
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