Complémentaires santé : l’USPO dénonce une perte de 18 millions d’euros par an pour les pharmacies

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Complémentaires santé : l’USPO dénonce une perte de 18 millions d’euros par an pour les pharmacies

Publié le 12 décembre 2024
Par Christelle Pangrazzi
Les pharmacies françaises pourraient perdre jusqu’à 18 millions d’euros par an à cause de nouveaux accords sur le tiers payant, selon l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Une estimation vivement contestée par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), signataire de ces accords, qui entend apaiser les tensions.


Jusqu’à récemment, les officines percevaient une indemnité forfaitaire de 0,03 euro par facture pour compenser les coûts administratifs liés au tiers payant. Mais la FSPF a négocié un nouveau mécanisme d’indemnisation : un euro par facture rejetée dans le cadre des contrôles Visiodroit. Une mesure qui, selon Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, est loin de compenser les pertes.

« Avec un taux de rejet de seulement 0,05 %, cette nouvelle indemnité représente une baisse drastique des revenus, divisant par 60 l’indemnisation globale. C’est presque une suppression totale », déplore-t-il. En conséquence, le manque à gagner annuel serait de 600 à 700 euros par officine, aggravant les difficultés financières d’un secteur déjà sous pression.

Un débat autour de l’efficacité administrative

La FSPF, pour sa part, défend les avantages du nouveau système. Philippe Besset, son président, affirme que la réforme vise à simplifier les démarches administratives et à responsabiliser les parties prenantes. « L’objectif est d’alléger le travail des pharmaciens en réduisant les rejets de factures. Avant Visiodroit, ces rejets représentaient entre 5 et 7 %. Aujourd’hui, ce chiffre est inférieur à 1 %, et nous espérons l’éliminer complètement », explique-t-il.

Philippe Besset réfute également les calculs de l’USPO. « Le chiffre de 18 millions d’euros de pertes est infondé. La réduction des rejets représente un gain de temps significatif pour les pharmacies, ce qui n’est pas pris en compte dans ces estimations », souligne-t-il.

Un bras de fer syndical sur fond de crise

Malgré les assurances de la FSPF, l’USPO reste inflexible. Pour Pierre-Olivier Variot, cette nouvelle convention complique davantage la gestion du tiers payant, un service pourtant essentiel pour les patients. « Les rejets et les indus mobilisent énormément de ressources. Les pharmaciens n’ont ni le temps, ni les moyens de s’adapter à ces changements », insiste-t-il, appelant à une révision urgente des dispositifs.

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Un débat qui dépasse les clivages syndicaux

Au-delà de ce bras de fer entre l’USPO et la FSPF, c’est l’avenir du tiers payant et, plus largement, la pérennité économique des officines qui sont en jeu. Ce désaccord souligne l’urgence de trouver des solutions concertées pour préserver un équilibre entre simplification administrative, juste rémunération des pharmaciens et maintien d’un service accessible pour tous.