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CHRISTIAN SAOUT, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU CISS
Le financement des médicaments innovants pose question. Faut-il baisser leur prix ?
Ce scénario est tout à fait solide. A condition de le vouloir. Mais il y a aussi un autre scénario, aussi solide. Faire la chasse aux soins inutiles : c’est le cas de 30 % des soins selon certaines enquêtes ! Cela fait au bas mot 55 milliards d’euros : de quoi payer les traitements innovants, largement !
Pour baisser les prix, le CISS évoque les prix administrés et les licences obligatoires…
Les prix sont tirés à la hausse essentiellement en raison de la financiarisation du marché du médicament. On vient de voir une vieille molécule dans la toxoplasmose augmenter son prix de 5 400 % en quelques jours pour satisfaire aux exigences de rémunération des actionnaires. Ça suffit. La solidarité n’est pas là pour cela. Il faut donc des régulations. Nous disposons de régulations brutales : la fixation administrative des prix et la licence obligatoire. A tort, nous avons renoncé à les utiliser. Il faut donc trouver d’autres outils. 62 pays viennent de s’accorder pour lutter contre l’évasion fiscale des multinationales : recherchons donc un accord du même type sur les médicaments puisque leur prix est largement internationalisé.
Dans le cas de déremboursements, les prix deviendraient libres. Peut-on vraiment avoir des prix administrés pour réduire le reste à charge ?
La seule manière de tenir les prix, c’est le taux de remboursement à 15 %. C’est un peu coûteux comme mode de régulation. Mais nous n’avons que cela. Faut-il un taux à 5 % pour ces cas-là ? C’est à discuter. Sinon, il faut réguler par la loi. Les écarts observés d’une pharmacie à l’autre pour un même médicament à prix libre sont tout bonnement stupéfiants. Sans parler du creusement des inégalités de santé. Dans un pays où il y en a déjà tant, est-il utile d’en rajouter ? Non !
Quelles sont les solutions ? Ne risque-t-on pas de voir des mesures prises de façon autoritaire face à l’explosion des dépenses ? Ne faut-il pas agir tout de suite ?
Le grand danger n’est pas immédiat. De toute façon, à quelques encablures de la présidentielle, rien ne bougera. C’est l’avenir à cinq ou dix ans qui est préoccupant. Et nous n’en parlons pas. Il faut insister : nous avons les moyens de soigner tout le monde, et bien. Il faut modérer les prix des médicaments et soigner avec pertinence. Renoncer à cela, c’est faire d’autres choix : ne plus prendre en charge que le gros risque ou sélectionner les bénéficiaires des traitements innovants.
On avait déjà vu cette sélection dans le sida en 1996 quand on a vu revenir le tirage au sort pour bénéficier des trithérapies. Tout le monde a été choqué et les malades sont descendus dans la rue.
Aujourd’hui, avec le prix du sofosbuvir à 41 000 euros, tout le monde n’a pas accès au traitement qui guérit ! Dans un assourdissant silence.
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