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- C’est tout un art !
La proposition de loi du député Frédéric Descrozaille, portant sur les négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs, a été adoptée le 22 mars dernier par l’Assemblée nationale. Le secteur de l’hygiène-beauté est bel et bien concerné. Le soulagement des groupements de pharmacies, après que la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale a rejeté l’amendement sur le non-alimentaire, comme nous l’annoncions lors du précédent numéro, aura donc été de courte durée. La loi entrera en vigueur le 1er mars 2024, mais les services achat des réseaux redoutent déjà que ce soit un élément de déséquilibre supplémentaire dans leurs relations commerciales. En 2023, plusieurs groupements avaient alors pris la parole pour dénoncer la flambée des prix pratiquée par certains laboratoires, avec des augmentations de l’ordre de 10 %, sans raison suffisamment claire selon eux. En 2024, la loi Descrozaille imposera d’autres contraintes.
À commencer par l’article 3, qui en cas d’absence de contrat signé au 1er mars, donnera le choix au fournisseur d’interrompre les livraisons s’il juge le prix durant le préavis trop bas, ou d’appliquer un préavis de rupture « classique ». En cas de litige, un médiateur des relations commerciales sera obligatoirement saisi pour trouver une solution consensuelle.
L’autre mesure gênante est la limitation du nombre de promotions, tant en valeur qu’en volume. Autrement dit, il y aura moins de campagnes promotionnelles par an et elles seront moins avantageuses pour le consommateur. Avant l’adoption de la loi, le syndicat des groupements de pharmaciens, Federgy, avait fait savoir « que l’on ne pouvait pas comparer la relation entre industriels et acteurs de la grande distribution avec la relation entre industriels et pharmaciens ». Depuis l’adoption de la loi, ce sont les groupements qui sont montés au créneau. Ils s’inquiètent de l’effet de la loi Descrozaille sur les consommateurs déjà contraints à des arbitrages. L’institut YouGov pour le magazine LSA s’est d’ailleurs penché sur les conséquences éventuelles. 44 % des Français ont d’ores et déjà répondu qu’ils achèteraient moins de produits d’hygiène-beauté si les promotions habituelles étaient moins importantes. Et 28 % envisagent de se rendre dans les magasins où les prix affichés seront les moins élevés. L’un des objectifs de la loi Descrozaille est de mettre fin à une guerre des prix acerbe, mais cela semble déjà mal parti. Quand l’art de la négociation rejoint l’art de réformer !
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