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Celle qui murmure à l’oreille des chevaux
Tout juste diplômée, Karine Madec s’épanouit au comptoir. Mais la jeune préparatrice de 21 ans a un autre dada. Un vrai.
Comme maman, Karine travaille à l’officine. Comme maman, Karine est une cavalière chevronnée. Karine, fille à maman ? Le raccourci est facile. Et inexact. Si la jeune préparatrice ne renie rien d’un solide esprit familial, dans sa vie personnelle, c’est elle qui tient les rênes.
Le pied à l’étrier. Dans les parfums d’enfance de Karine traîne une odeur d’écurie. Sa mère montait depuis toujours et possédait son propre cheval. Dès qu’elle le peut, avec sa soeur Anne, elle se rue au box. Pour la mise en selle, il faut attendre ses dix ans et l’initiation pendant les vacances dans un centre d’Hossegor (Landes). Sans surprise, Karine est mordue, elle s’inscrit au club équestre de Bajas, non loin de Grignols (Gironde) où sa famille est installée. Mais le vrai tournant s’appelle Bel Spring : 1 m 63 au garot, 9 ans, les jambes noires, la robe « bai brun » pommelée. La belle est un pur sang anglais en fin de carrière, cadeau d’un ami du grand-père pour les deux soeurs. Les soeurs et la jument font connaissance. Une semaine dans l’univers des écuries de course. Karine a 12 ans et trop peu d’expérience alors elle s’improvise palefrenier : nettoyer le box, sceller la jument… Il faut dire que Bel Spring avait mauvaise réputation : connue pour ruer au départ des starting-blocks, elle mettait les jockeys par terre. À cheval donné on ne regarde pas les dents, dit le proverbe. De toute façon, c’est trop tard, les deux soeurs ont le coup de coeur.
Le mors aux dents. Au départ, Karine se plie à la rigueur des centres équestres. Comme tout cavalier en herbe, elle passe ses trois premiers galops. Chaque échelon est sanctionné par un examen. Des épreuves théoriques : couleurs de robe, anatomie du cheval. Et des épreuves pratiques : mettre un licol*, un mors, sceller un cheval, avancer aux trois allures (pas, trot, galop), trotter assis ou enlevé** sur le bon diagonal… , précise Karine. Au fil des années, les nouveaux moniteurs se succèdent, l’ambiance se dégrade. Passionnée, oui, mais pas au point de mettre des oeillères ! Karine freine des quatre fers puis décide d’arrêter. Et de s’inscrire dans un autre club, à Casteljanaux. Elle passera même son quatrième galop avec une reprise de dressage (exécuter en manège et à la demande des figures comme un cercle, des pas de côté, des diagonales, au trop, au pas, au galop…) et un parcours d’obstacles. Elle le fait surtout pour sa jument : , admet Karine. Passer sur des barres à terre, sauter, partir au galop à la jambe (en reculant la jambe sur le flanc) sans ruer… Bel Spring doit tout réapprendre.
Cavalier seul. Aujourd’hui Karine ne monte plus en club. Elle veut partir en ballade avec sa jument, seule et quand ça lui plaît. Son plus grand plaisir, c’est de la retrouver chaque soir, après le travail. Pendant un quart d’heure, elle la nourrit, la brosse. Elle aime retrouver l’odeur du cheval, des granulés, du fumier… se souvient Karine en riant. Sa jument est sa plus grande confidente, elle lui dit tout, lui parle comme à un humain. » En dehors, Karine se dit timide et compte peu d’amis. Sauf à l’officine, où la jeune préparatrice se sent audacieuse : Normal, l’univers de la pharmacie aussi, elle est tombée dedans quand elle était petite.
Bien en selle. L’officine de Grignols appartenait à son arrière grand-père, puis à son grand-père, maintenant c’est sa mère, la titulaire. Quand la soeur de Karine décide de faire du droit, c’est la crise. Pour faire plaisir à ce grand-père bien aimé, Karine ira en faculté de pharmacie à Bordeaux. D’emblée, elle broie du noir. Et puis Karine a d’autres projets, elle veut vivre à Grignols avec son petit ami Adrien. Elle va peu en cours et, sans surprise, est recalée au concours. Elle a prévenu, elle ne recommencera pas. La porte de la pharmacie familiale est grande ouverte, Karine a conscience d’avoir été favorisée Mais ce n’est pas si simple : les chuchotements qui stoppent quand elle arrive, les sorties au restaurant où elle n’est pas conviée… Aujourd’hui, l’équipe a changé, l’ambiance aussi. Karine se sent bien, elle prend des initiatives : Et quand maman prendra sa retraite? À l’idée que l’officine quitte la famille, le coeur de Karine se serre : Quand on évoque une éventuelle passerelle entre préparateur et pharmacien, elle dit un grand oui : Un autre cheval de bataille. •
Portrait chinois
• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Une rose rouge qui représente l’amour. Je suis romantique et j’aime les « trucs à l’eau de rose » qui font rêver.
• Si vous étiez une forme galénique ? Une huile essentielle et ses nombreux composants complexes, à l’image des différentes facettes de ma personnalité, timide et audacieuse.
• Si vous étiez un médicament ? Un anxiolytique, parce que je suis stressée. J’aimerais l’être moins. J’ai parfois peur de ne pas intéresser les autres.
• Si vous étiez un matériel ou dispositif médical ? Une ceinture de maintien. J’aime aider et soutenir les autres.
• Si vous étiez un vaccin ? Un vaccin pour sauver les animaux. Je les aime trop pour les voir souffrir. Ils sont si intelligents par rapport aux humains…
• Si vous étiez une partie du corps ? Les yeux, parce que je ne suis pas bavarde. Mais j’aime bien observer.
Karine Madec
Âge : 21 ans.
Formation : préparatrice en pharmacie.
Lieu d’exercice : Pharmacie Magescas Madec à Grignols (Gironde).
Ce qui la motive : en savoir un peu plus chaque jour.
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