Cancer du sein : quelle prise en charge pour les soins cosmétiques ?

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Cancer du sein : quelle prise en charge pour les soins cosmétiques ?

Publié le 6 février 2025
Par Audrey Fréel
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La loi visant à améliorer la prise en charge des soins et dispositifs spécifiques au traitement du cancer du sein par l'Assurance maladie, adoptée la semaine dernière au Parlement, a été publiée au Journal officiel, ce jeudi 6 février. Si Juliette Couturier, co-fondatrice de Même Cosmetics au côté de Judith Levy, y voit « une avancée majeure », elle espère que « cette prise en charge des soins par l'Assurance maladie sera prochainement élargie à d'autres cancers ».

Alors que les patientes atteintes d’un cancer doivent faire face, en moyenne, à un reste à charge de 1400 euros, l’objectif de cette loi est de rendre l’accès aux soins liés à cette maladie plus équitable. Le texte dispose entre autres que « les soins et les dispositifs prescrits et remboursables sont pris en charge intégralement par les organismes d’Assurance maladie, dans la limite des tarifs servant de base au calcul des prestations prévues […], lorsqu’ils présentent un caractère spécifique au traitement du cancer du sein ou à ses suites. » Il s’agit notamment des « actes de dermopigmentation de la plaque aréolo-mamelonnaire », de « sous-vêtements adaptés au port de prothèses mammaires amovibles » et du « renouvellement des prothèses mammaires ». La création d’un forfait spécifique pour financer des produits cosmétiques non remboursés est également prévue. Le montant devra lui être prochainement fixé par décret. Le point avec Juliette Couturier, co-fondatrice de Même Cosmetics, premier laboratoire dermo-cosmétique dédié aux personnes sous traitement oncologique.

Cette loi constitue-t-elle une avancée dans la prise en charge des patientes atteintes d’un cancer du sein ?

Juliette Couturier : Oui, elle reconnaît officiellement que le cancer ne se limite pas qu’aux traitements et qu’il est essentiel de traiter les effets secondaires comme la sécheresse cutanée, la sensibilisation des ongles ou encore les inflammations des muqueuses de la bouche. Pour l’instant, un flou règne quant à l’intitulé des produits qui seront couverts. Nous espérons que le texte sera assez souple et qu’il ne se limitera pas uniquement aux crèmes contre la sécheresse et aux vernis pour prévenir la chute des ongles. Il existe de nombreux effets secondaires liés au traitement du cancer du sein, qui peuvent être différents d’une femme à l’autre et nécessiter une variété de produits dermo-cosmétique.

Cette loi concerne, pour le moment, uniquement les patientes atteintes d’un cancer du sein. Est-ce suffisant ?

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Malheureusement, une grande partie des personnes atteintes d’un cancer en est encore exclue. Nous appelons donc le gouvernement à aller plus loin pour que cette avancée profite à tous. Par ailleurs, l’arrêté pourra comporter des critères d’éligibilité au forfait pour chaque soin. Pour nous, il s’agit d’un point très important pour s’assurer de la non-toxicité des produits. Nous espérons que les critères seront très clairs et exigeants afin que les patientes soient dirigées vers des produits réellement adaptés à leurs besoins.

Le montant de ce forfait n’est pas encore connu. Quel taux de remboursement préconisez-vous pour une meilleure prise en charge des soins liés au cancer ?

Nous estimons qu’une femme sous traitement anticancéreux a besoin d’un budget compris entre 700 et 1100 euros par an pour acheter nos soins essentiels. Il s’agit d’un coût assez élevé et nous sommes conscientes qu’il sera probablement difficile pour nos clientes d’être remboursées à 100 %, mais nous espérons qu’une grande partie de ce budget pourra être prise en charge.