Socioprofessionnel Réservé aux abonnés

ça me démange !

Publié le 6 octobre 2001
Mettre en favori

Vous rappelez-vous des mains de Nicolas et Pimprenelle, les héros de Bonne nuit les petits ? Des mains de marionnettes bien boudinées. C’était les miennes, chaque matin au réveil… J’avais alors cinq ans. L’âge où se sont révélés les symptômes de mes allergies. OEdème de Quincke, nez qui coule, éternuements, yeux gonflés…

A l’époque, nous avions un médecin et un pharmacien de famille. Les deux savaient à quoi s’en tenir avec moi. Mon enfance s’est donc écoulée à toute allure, entre pustules, gonflements, cures à La Bourboule et séries de piqûres désensibilisantes. Le bonheur à l’état pur !

A l’adolescence est apparue une accalmie, mais je voyais toujours le médecin de famille et notre pharmacien n’avait pas encore pris sa retraite. A chacune de mes ordonnances, il rajustait ses lunettes et passait tout en revue. Parfois, il appelait le médecin et tous les deux convenaient de remplacer un médicament par un autre. Mes grands ennemis : les métabisulfites. Je ne parle pas des noms de code : E 220, jusqu’à 227, en sautant le 225. Pourquoi ? Mystère.

Vint l’âge adulte. Le médecin de famille et le pharmacien ont passé la main à des confrères. Retraite oblige. Je les regrette encore. J’ai en effet le sentiment qu’aujourd’hui, chacun bosse dans son coin. Une planète médecin. Une planète pharmacien. Peut-être que le pharmacien n’ose plus déranger le médecin ? Dix minutes de consultation, montre en main, et le téléphone qui sonne régulièrement ralentirait forcément le tempo des rendez-vous…

ça tombe bien tout ça, parce que je vais beaucoup mieux. J’ai toujours un terrain allergique, mais il semblerait que mon organisme ait gagné en sobriété. Il faut dire que je l’ai éduqué. La dernière fois que j’ai eu des problèmes, c’était un week-end. Dans la glace un monstre lippu me contemplait. OEdème de Quincke oblige.

Publicité

SOS Médecin est arrivé sur les chapeaux de roue. Piqûre de corticoïde. Avant que la seringue n’entame ma peau, je me suis souvenue des métabisulfites. Le médecin m’a regardée, tétanisé, pendant que je lui soufflais le numéro de téléphone d’un pharmacien « et néanmoins ami ». Je vous taquine, si on ne peut plus rigoler… Mon ami m’a sauvé la mise, puisque j’étais à deux doigts de recevoir une injection de produit allergène. Donc, je récapitule : les médecins n’ont pas le temps de se pencher sur la composition des médicaments et à vous seul vous ne pouvez pas faire tout le boulot (interrogatoire systématique du client et contrôle). Reste une question, que vous pouvez peut-être poser aux instances concernées : que faire pour éviter les accidents ? En 2001, 25 à 30 % de la population française souffre d’allergie, soit deux fois plus qu’il y a vingt ans, ça mérite peut-être qu’on se penche sur le problème, non ?