Biosimilaires : une tribune contre la substitution systématique par les pharmaciens

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Biosimilaires : une tribune contre la substitution systématique par les pharmaciens

Publié le 23 novembre 2023
Par Yves Rivoal
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Oui à l’interchangeabilité des médicaments biosimilaires, non à la substitution systématique par les pharmaciens. Tel est en substance le message qu’a voulu faire passer dans une tribune un collectif d’associations de patients et de syndicats de médecins.

Alors que le gouvernement et le sénateur Alain Millon ont porté des amendements visant à autoriser la substitution systématique par les pharmaciens des médicaments biologiques de référence par leurs biosimilaires, un collectif d’une vingtaine d’associations de patients et de syndicats de médecins s’est fendu d’une tribune pour rappeler leur soutien au développement des biosimilaires, mais leur opposition à cette mesure réclamée par les pharmaciens. « Les médicaments biosimilaires ne sont pas des copies conformes de leur médicament de référence : c’est pour cela qu’on les qualifie de « similaires », rappellent les auteurs de ce texte. Or les risques que comporte une substitution automatique de ces médicaments par les pharmaciens sont nombreux et documentés. Au premier rang, l’effet nocebo lié à la substitution qui a largement été décrit dans la littérature scientifique et qui entraîne une perte de confiance dans ces médicaments efficaces dans le traitement de maladies chroniques. »
Autres risques pointés dans la tribune : les erreurs d’administration et la diminution de l’observance liée aux différences de composition et de dispositifs d’injection. « Les acteurs hospitaliers ont pris soin de mettre en place, dans leurs services, des séances d’éducation thérapeutique, de laisser au malade le choix de son dispositif, et de l’y former, rappelle le texte. C’est ce travail d’éducation qui est remis en cause par la substitution par les pharmaciens car la dispensation, elle, n’est associée à aucun acte d’éducation thérapeutique. » 

« La substitution systématique des biosimilaires par le pharmacien va à l’encontre de la santé publique »

Les auteurs rappellent enfin que si « les expérimentations autorisées par l’Assurance maladie ont permis de réaliser plus d’un milliard d’économies entre 2018 et 2020 », « la substitution par les pharmaciens n’a pas permis de faire progresser la pénétration des médicaments biosimilaires, au contraire ». Et d’ajouter que « les rares pays européens ayant fait le choix de la substitution par les pharmaciens ont tous rétropédalé ».
En conclusion, les auteurs de la tribune remettent les pharmaciens à ce qu’ils considèrent leur place. « Nous concevons le rôle essentiel du pharmacien dans l’accompagnement des malades chroniques traités par un médicament biosimilaire : celui du suivi de la bonne observance de ces derniers et de la bonne gestion de la iatrogénie. Mais le choix de la substitution systématique par le pharmacien va à l’encontre de la santé publique, du libre choix éclairé des malades, et de la relation que chaque médecin prend soin de tisser avec ses malades. L’utilisation de ces médicaments est en constant développement, mais ne peut pas se faire à marche forcée, les conséquences économiques et sociales ne seraient tout bonnement pas supportables pour notre sécurité sociale. »

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