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© Getty Images
Biosimilaires : 10 milliards d’économies potentielles, un enjeu majeur pour l’officine
Selon une étude IQVIA réalisée pour Sandoz, la contribution des biosimilaires à la maîtrise des dépenses de santé est forte : entre 2010 et 2023, ces traitements auraient permis d’économiser 5,1 milliards d’euros en France. Mieux, les projections estiment un potentiel d’économies dépassant 10 milliards d’euros d’ici 2028. Pourtant, selon nombre d’économistes de la santé, médecins et chercheurs, ce modèle vertueux pourrait être compromis par des obstacles structurels.
Ce rapport propose quatre axes de recommandations pour sécuriser l’avenir des biosimilaires : garantir un cadre sécurisé, instaurer des incitations ciblées, créer des perspectives de long terme et concilier souveraineté sanitaire avec soutenabilité financière.
Des molécules complexes, un modèle économique inadapté
Contrairement aux médicaments génériques, copies strictement identiques de molécules chimiques, les biosimilaires sont des médicaments issus du vivant, développés à partir de cellules vivantes. Leur production nécessite des infrastructures de pointe et une expertise scientifique avancée. Ainsi, le développement d’un biosimilaire nécessite 6 à 9 ans et 90 à 200 millions de dollars d’investissement contre 3 ans pour un générique et 250 000 à 25 millions de dollars.
Ces contraintes fortes, couplées à une faible rentabilité du marché selon les industriels, des conditions de fixation des prix peu attractives et un manque d’incitations pour les industriels et les prescripteurs, limitent les possibilités de déploiement de ces thérapeutiques. Aujourd’hui, 70 % des molécules biologiques dont le brevet expirera d’ici 2028 n’ont pas de version biosimiliaire en développement. « Les biosimilaires ne sont pas les génériques des biomédicaments. Ils ont leurs spécificités et doivent donc avoir un modèle économique adapté », insiste Nathalie Coutinet, économiste de la santé.
Un marché fragilisé par un manque de perspectives
Certes, depuis 2021, l’accord-cadre signé entre le Comité économique des produits de santé (CEPS) et le syndicat des industriels du médicament (LEEM) encadre la fixation des prix des biosimilaires, mais pour les experts, le modèle actuel est trop incertain pour garantir un développement pérenne.
Quatre recommandations pour un marché compétitif
Le rapport IQVIA identifie quatre axes de réforme pour permettre aux biosimilaires de jouer pleinement leur rôle dans la soutenabilité du système de santé :
1. Créer un cadre stable et prévisible
– Pérenniser les règles de fixation des prix.
– Rééquilibrer les appels d’offres hospitaliers en valorisant les capacités d’approvisionnement et la production locale.
2. Mettre en place des incitations efficaces
– Partager les économies réalisées avec les prescripteurs et les officines.
– Fixer des objectifs communs pour la prescription et la dispensation des biosimilaires.
3. Sécuriser l’accès aux traitements
– Maintenir le rôle central du médecin prescripteur.
– Intégrer les pharmaciens dans le parcours de soins pour améliorer l’information des patients.
4. Favoriser une production souveraine
– Encourager la fabrication des biosimilaires en Europe via des commandes publiques pluriannuelles et des incitations fiscales.
Un enjeu de souveraineté sanitaire
L’enjeu du déploiement des biosimilaires dépasse aujourd’hui la seule question économique. De nombreux experts alertent sur le risque d’une adoption tardive des biosimilaires. Un retard pourrait non seulement alourdir le fardeau financier de l’Assurance maladie, mais aussi exacerber les inégalités d’accès à ces thérapies de pointe. À l’heure où le PLFSS est en passe d’être voté et où la substitution des biosimilaires en officine marque une évolution décisive, l’absence d’un cadre incitatif et d’une stratégie industrielle ambitieuse pourrait priver la France d’une véritable opportunité. Face à la dualité entre l’exigence d’innovation thérapeutique et l’impératif de soutenabilité économique, l’équilibre demeure fragile. Sans une gouvernance cohérente et une vision à long terme, ce qui pourrait être un levier stratégique pour le système de santé risque de se transformer en un rendez-vous manqué.
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