Baisses de prix : pourquoi le gouvernement veut rogner sur les délais d’écoulement des stocks

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Baisses de prix : pourquoi le gouvernement veut rogner sur les délais d’écoulement des stocks

Publié le 12 mars 2020
Par Francois Pouzaud
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Coup de tonnerre dans la profession. Le ministère de la Santé a annoncé aux syndicats pharmaceutiques la préparation d’un projet de décret sur la réduction du délai d’application des mesures de baisse de prix des médicaments. Le décret est en préparation au Conseil d’Etat et sera prochainement soumis à consultation au conseil de la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam). Ce texte qui s’inspire du rapport « charges et produits pour l’année 2020 » de l’Assurance maladie, reprend la proposition de baisser les délais habituels d’écoulement des stocks aux anciens prix de 50 jours à 30 jours pour les pharmaciens. Compte tenu du délai du grossiste-répartiteur fixé à 20 jours, le pharmacien ne disposerait plus que d’un délai de 10 jours pour bénéficier de ce qui équivaut à une « compensation financière ».

Economie pour la Sécurité sociale ? 76 millions d’euros sur le dos des pharmaciens. L’Assurance maladie reprendrait ainsi d’une main ce qu’elle a donné de l’autre, à savoir les 80 millions d’euros de marge supplémentaire actés dans l’avenant n°19 sur le rééquilibrage économique de la réforme de la rémunération.

« Ce nouvel effort financier demandé aux pharmaciens, en pleine crise du coronavirus, ressemble à l’article 49.3 de la Constitution pour la pharmacie », assène Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), lors d’une conférence de presse du 12 mars.

« On va s’opposer par tous les moyens possibles à ce texte réglementaire », poursuit le président de la FSPF qui ne cesse de clamer, avant cette annonce, que les avenants n°11 et n°19 font perdre de l’argent au réseau. Il se dit prêt à engager une partie de bras de fer, en donnant comme consignes aux pharmaciens de « retirer des stocks les conditionnements trimestriels destinés à un seul patient, et de restructurer leurs stocks d’une manière générale, quitte à créer des ruptures. »

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De son côté, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), réagit tout aussi violemment : « J’ai écrit à la Direction de la Sécurité sociale et à Nicolas Revel, directeur général de la Cnam, pour dire que ce projet de décret est inacceptable et qu’il n’est pas question d’ouvrir des discussions là-dessus. »