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Avertissement sans frais
L’impact des franchises médicales a déjà commencé à se faire sentir sur le marché du médicament remboursable. Aujourd’hui, les pathologies lourdes et les traitements pris en charge à 100 % sont en ligne de mire.
Comment va le marché du médicament remboursable ? Pas si mal, à en croire les prévisions de chiffre d’affaires pour 2008 qui tablent sur 4 % à 4,5 % de croissance pour la ville et l’hôpital confondus. Un peu moins bien si on ne s’intéresse qu’aux seules dépenses de ville (un petit + 3 %). Une estimation qui se révèle en outre inférieure aux résultats de l’année 2007 (+ 3,9 %). En effet, depuis le 1er janvier 2008, la croissance des remboursements à la fois des soins de ville et du médicament s’est fortement ralentie, descendant même à – 2,2 % pour ce dernier.
La consommation reste forte pourtant, « en raison d’un système de protection sociale généreux, d’une politique active de santé publique et d’une application des recommandations internationales permettant d’élever le niveau de santé général », souligne le Leem, le syndicat de l’industrie pharmaceutique. Simplement, elle a été pondérée par l’introduction de la franchise médicale au 1er janvier de cette année.
Les ventes des deux classes les plus importantes en valeur, les hypolipémiants (1,59 milliard en 2007) et les antiulcéreux (1,48 milliard), ont chuté l’an dernier : – 10,8 % pour les premiers et – 2,9 % pour les seconds. Les ventes d’antidépresseurs et de régulateurs de l’humeur (835,5 millions) ont aussi baissé (- 2,3 %). En revanche, les antalgiques et antipyrétiques (1,33 milliard) ont progressé de 4,2 %, alors que les antiagrégants plaquettaires (794,7 millions et 2,9 % du marché du remboursable) ont grimpé de 3,9 %.
Les ALD sous haute surveillance
Ce mouvement de baisse est encore accentué par la forte poussée des génériques, dopés par l’accord passé entre l’Assurance maladie et les pharmaciens d’officine. En 2007, une boîte de médicament vendue sur cinq était un produit générique. Au total, l’année dernière comme en 2006, les économies liées aux génériques se sont montées à plus d’un milliard d’euros, montrant l’importance de ce levier pour l’équilibre du système de santé.
Mais il faudra encore accentuer la pénétration des génériques, notamment sur les molécules qui drainent le plus fort chiffre d’affaires car leur part, comparée à autres pays européens, reste encore modeste. Elle était en effet de 10 % du marché en valeur en 2007 alors qu’elle représentait déjà, en 2006, entre 20 et 24 % du marché des médicaments aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Allemagne.
Le regard se porte également sur les pathologies lourdes et leurs traitements. Car le gros de la consommation de médicaments est le fait d’une partie restreinte de la population. Selon Christian Lajoux, président du Leem, « elle est stable, voire en recul pour plus de cinquante millions de Français ». En revanche, les 8 millions d’assurés qui souffrent d’affections de longue durée représentent « 60 % de la consommation et 90 % de la croissance ». Sur ce nombre, deux millions génèrent cinq milliards d’euros de remboursements, soit le quart du total des remboursements.
En ville, c’est la sortie de produits de la réserve hospitalière, concernant des pathologies lourdes telles que le cancer et le sida, qui est pour partie responsable de la hausse des dépenses de médicaments remboursables. En 2007, selon une étude de la DREES rendue publique en mai 2008, les produits qui ont enregistré les plus fortes progressions étaient les médicaments anticancéreux (+ 25 %), les médicaments de la polyarthrite rhumatoïde (+ 23 %), les antirétroviraux (+ 21 %) prescrits dans le cadre d’une trithérapie ou encore les EPO (+ 11,3 %) pour traiter l’anémie en cas d’insuffisance rénale avancée, de maladies hématologiques ou encore de cancers.
Des remboursements plus restrictifs
Quoi qu’il en soit, le modèle français est loin d’être unique, comme le montre l’étude d’IMS Health « Intelligence.360 ». La tendance mondiale est à l’économie et les ventes de médicaments, toujours mondiales, n’ont progressé que de 6,4 % l’an dernier, atteignant 712 milliards de dollars (459 milliards d’euros). C’est le taux de croissance le plus faible jamais constaté depuis 1996. La croissance du marché devrait encore ralentir en 2008, dépassant à peine les 5 %. Les pertes de brevets, qui permettent l’émergence des génériques et font chuter le chiffre d’affaires des princeps, expliquent cette tendance. Une tendance renforcée par le contrôle de plus en plus strict des dépenses d’assurance maladie dans les pays riches.
L’autre levier manié par les autorités est l’accès plus strict des nouveaux produits au remboursement. « Le remboursement d«un produit n«est pas forcément lié au service médical rendu », explique Claude Le Pen, professeur d«économie de la santé à Paris Dauphine. Ainsi, au Royaume-Uni, des seuils de coût par année de vie gagnée (30 000 livres) ont été fixés et servent à définir si un produit sera ou non remboursé.
En France, cela pourrait bien arriver. Selon une étude de la CNAM parue début 2008, les produits de moins de trois ans représentent l’équivalent de 85 % de la hausse enregistrée en 2007. « 45 % de ces dépenses concernent des molécules qui ne présentent pas ou peu d’amélioration du service médical rendu par rapport à l’arsenal thérapeutique préexistant. » A tel point que certains laboratoires finissent par accepter de partager le risque avec le payeur, comme c’est déjà le cas à l’étranger.
Ainsi, au Royaume-Uni, le traitement par l’anticancéreux Velcade sera arrêté chez les patients non répondeurs et le coût des produits sera remboursé par le National Health Service. De même, en Italie, la baisse de prix de 50 % des anticancéreux Sutent et Nexavar sera annulée pour les patients répondeurs après deux ou trois mois de traitement. En France, un laboratoire a accepté de reverser à la Sécurité sociale une partie du prix de son antipsychotique en fonction des résultats d’une étude observationnelle portant sur l’efficacité du produit en condition réelle. Nous ne sommes plus très loin du « satisfait ou remboursé » !
Les spécialistes tirent le marché mondial
Pour la première fois en 2007 (source IMS Health), 52 % des blockbusters sont des produits de spécialistes, même si, en chiffre d’affaires, les médicaments généralistes continuent de dominer. Chez ces derniers, les trois produits les plus prescrits représentent 28 milliards de dollars (dont 50 % générés par Lipitor, le numéro 1), alors que les produits de spécialistes ne pèsent « seulement » que 15 milliards.
LE TOP-10 DES SPÉCIALITÉ
1 Plavix cp (28)
2 Seretide Diskus 500/50 microgrammes
3 Prevenar seringue préremplie
4 Tahor 10 mg cp (28)
5 Inexium 20 mg cp (28)
6 Neulasta 6 mg
7 Symbicort Turbuhaler 400/12 microgrammes
8 Arimidex 1 mg cp (28)
9 Inexium 40 mg cp (28)
10 Coversyl 4 mg cp (30)
* En CA (ventes totales).
Source IMS Health
Le top-10 des laboratoires
1 Pfizer (6,7 % de parts de marchés) : – 4,6 % en 2007
2 GSK (5,7 %) : – 2 %
3 Novartis (5,1 %) : + 4,6 %
4 Sanofi-Aventis (5 %) : + 2,3 %
5 AstraZeneca (4,5 %) : + 5,7 %
6 Johnson & Johnson (4,4 %) : + 2,1 %
7 Roche (4,2 %) : + 13,7 %
8 Merck & Co (4,1 %) : + 6 %
9 Abbott (2,9 %) : + 5,7 %
10 Lilly (2,5 %) : + 10 %
+ 3,9 %
En 2007, les ventes totales de médicaments remboursables ont représenté un CA de 27,8 milliards d’euros (+ 3,9 % par rapport à 2006), dont 27,5 milliards sur prescription.
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