Accès direct aux médecins spécialistes : les généralistes sont très bougons

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Accès direct aux médecins spécialistes : les généralistes sont très bougons

Publié le 25 avril 2024
Par Véronique Hunsinger
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L’annonce du Premier ministre Gabriel Attal, qui consiste à zapper les médecins dans le parcours de soins, a été accueillie très fraîchement par les médecins généralistes, au moment où 5500 d’entre eux menacent déjà de se déconventionner.

Les tensions liées aux négociations conventionnelles entre les médecins et l’Assurance maladie ne faiblissent pas. Le 6 avril dernier, le Premier ministre Gabriel Attal a proposé de tester l’accès direct aux spécialistes, sans passer par la case médecin traitant…, afin de permettre aux Français de consulter un kinésithérapeute sans ordonnance et un spécialiste sans courrier du généraliste. À ce stade, l’expérimentation ne concerne que treize départements mais elle provoque déjà un embrasement général. « S’affranchir du médecin traitant aura des conséquences : retards de diagnostic pour certains patients, allongement des délais de rendez-vous auprès de ces spécialistes, surcoût des prises en charge pour l’Assurance maladie et une perte d’activité pour le métier de médecin traitant [qui ne fera qu’accentuer la baisse d’attractivité de la profession auprès des jeunes, Ndlr] », souligne le syndicat Confédération des syndicats médicaux français – Généralistes (CSMF-Généralistes). 

Vers une réorganisation totale du système de santé

Vingt ans après la loi de 2004 créant le dispositif du parcours de soins, cette remise en cause du rôle pivot du généraliste inquiète la profession. « Un système de soins hiérarchisé, avec des soins primaires, secondaires et tertiaires coordonnés et complémentaires, permet de délivrer le juste soin en fonction des besoins et ainsi optimiser l’utilisation des ressources médicales », a appuyé mercredi dans un communiqué le Collège de la médecine générale. Le premier syndicat de généralistes, MG France, a été convaincu de reprendre langue avec l’Assurance maladie après les réassurances du ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux. En revanche, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) continue de s’interroger sur « le sens » des négociations. « Si le médecin traitant doit disparaître, il doit en être de même des forfaits et des consultations qui lui sont dédiés, et chaque médecin généraliste devra alors trouver un modèle économique favorable au travers des téléconsultations et de soins non programmés nettement revalorisés qui feront aussi le bonheur des fonds de pension dans le cadre de la financiarisation galopante de notre système de santé », met en garde la CSMF-Généralistes.

La stratégie de la division ?

À l’inverse, le premier syndicat de spécialistes milite en faveur de cette réorganisation. « Nous devons faire reconnaître notre spécificité de médecins experts, c’est pourquoi les contours de l’avis ponctuel consultant (APC) sur adressage du médecin traitant doivent être rénovés », considère Avenir Spé, qui souligne l’absence de médecins traitants pour de nombreux patients [11% des Français se retrouvent sans médecin traitant, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), Ndlr]. Ces derniers étant donc adressés via d’autres spécialistes ou des paramédicaux. Aujourd’hui, les syndicats de spécialistes attendent surtout « des propositions financières concrètes et significatives sur les actes techniques et médico-techniques, dont certains n’ont pas été revalorisés depuis 2005 ».

Les négociations conventionnelles des médecins patinent. Les pharmaciens languissent.

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