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À l’encre de sa peau
Préparatrice de 22 ans, Clémence Oddoux raconte son histoire à l’encre colorée de ses tatouages.
Saône-et-Loire, Haute-Loire, Nièvre, Drôme, Clémence ne tient pas en place. Mais où qu’elle aille, cette jeune préparatrice de 22 ans trimballe ses souvenirs avec elle. Gravés dans la peau. Clémence Oddoux a tatoué son corps.
Expression corporelle. raconte Clémence, Au lycée, elle a déjà le nez et les oreilles percées, et conçoit ce premier dessin comme un choix esthétique. , explique la jeune fille. Elle dessine le motif qu’elle imagine sur son corps et se renseigne auprès d’une copine d’internat. Direction Paray-le-Monial pour rencontrer le tatoueur recommandé. Peu loquace et très consciencieux, , le tatoueur examine le dessin et les photos que lui a apportés Clémence. Ce sera un soleil avec des branches rouges et jaunes, « à l’indienne » et une lune, avec son portrait et celui de son petit ami. Son premier tatouage, elle le veut dans le bas du dos. Durant trois heures, immobile, elle sent à peine les aiguilles du dermographe déposer les pigments jusqu’au derme. Malgré une réaction allergique, , elle en garde un bon souvenir. Si elle a demandé la permission à sa mère, , c’est elle qui finance son premier ornement corporel. , précise la jeune fille qui a très vite compris que ses choix de vie iraient de pair avec son indépendance financière et domestique.
Une indépendance choisie. À l’âge de deux ans, Clémence vit seule avec sa mère à côté de Chalon-sur-Saône. À six ans, un homme arrive dans la vie de sa mère. Et une demi-soeur. Malgré une scolarité de bonne élève, et une grande énergie dépensée dans le judo au collège, Clémence ne se sent pas si bien que ça. , confesse la jeune femme. Elle décide alors de poursuivre sa scolarité en internat et de travailler dès qu’elle le peut. Grâce à sa maman employée de mairie, elle travaille comme aide-ménagère auprès de personnes âgées. Son bac biochimie et microbiologie passé à Dijon (Côte-D’Or) l’oriente naturellement, mais vers un BTS des Métiers de l’eau à Cosne-Cours-sur-Loire (Nièvre), à côté de Nevers en 2004. Qu’elle abandonne au bout de quelques mois avant de bosser chez Flunch. Courageuse et déterminée, Clémence passe de la cuisine au four à pizza. « Elle se met en ménage avec Sylvain, un étudiant du BTS. Et fait recouvrir le portrait de son premier amoureux dans le dos par un autre tatouage… BTS en poche, Sylvain rentre chez lui en Haute-Loire, suivi de Clémence qui change de Flunch. La jeune fille ne dénigre pas son boulot, mais si elle pouvait apprendre un métier… En faisant le tour des CIO(1), elle découvre le BP de préparateur. Elle trouve une pharmacie au printemps 2006 et commence son apprentissage quelques mois après au CFA de Bains (Haute-Loire).
Un album photos épidermique. , analyse Clémence. Ce sera une petite salamandre noire avec les yeux bleus, . Le troisième tatouage, elle a du mal à le dessiner. Trop d’émotion peut-être. confie Clémence, abrupte dans sa pudeur. La vieille dame avait une boîte à musique avec deux colombes et une branche de buis… Ses colombes à elle sont noires et occupent près de 30 cm de peau cachée. Pas d’effet de mode, ni de dessin tribal dans le choix des motifs. Toujours des hymnes au souvenir. Le quatrième tatouage réalisé en 2007 qui orne sa jambe droite représente une branche de mimosa, des épis de blé et des arums. Le blé, c’est celui offert à un oncle qu’elle affectionne, le mimosa est la fleur préférée de son amie Nathalie qui se bat contre un cancer et les arums sont les fleurs de prédilection de sa maman.
Les mots de la peau. Pas simple de parler à sa mère. Même si mère et fille s’entendent bien. , précise la jeune préparatrice. Mais que de silences entre les mots! Clémence ne connaît pas son père. Ni son visage, ni son nom. Sa mère évoque une erreur de jeunesse. , explique très simplement Clémence dont le discours se nuance Aujourd’hui Clémence a encore déménagé. Diplômée depuis cet été, elle a suivi Sylvain à Roman-Sur-Isère (Drôme), où elle travaille dans une pharmacie qui lui plaît. D’ailleurs, elle l’aime bien son métier. Curieuse, toujours prompte à ouvrir le Vidal ou à discuter avec les patients, Clémence aime la chaleur des contacts où elle laisse libre cours à l’échange. Dans ses rondeurs encore enfantines et sa peau douce et coloriée, Clémence hésite. Pas à l’aise avec les mots. Son journal intime, c’est sur la peau qu’elle l’écrit.•
Portrait chinois
• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? La menthe, parce que c’est tonique. Faut que je bouge et que je trouve toujours quelque chose à faire.
• Si vous étiez une forme galénique ? Un suppositoire laxatif pour faire chier tout le monde. Les gens sont difficilement eux-mêmes. Moi, je suis qui je suis.
• Si vous étiez un médicament ? Un antalgique pour soulager la douleur. C’est tellement aléatoire de souffrir.
• Si vous étiez un matériel ou un dispositif médical ? Un fauteuil roulant pour les personnes qui ne peuvent pas faire certaines choses en raison de leur handicap.
• Si vous étiez un vaccin ? Un vaccin contre la connerie humaine. Les gens se plaignent de tout, sans réfléchir avant de parler. Certaines choses n’ont pas besoin d’être dites.
• Si vous étiez une partie du corps ? Les yeux et les mains parce que c’est avec eux que l’on fait connaissance avec les autres. Et il y a tellement de choses à voir !
Clémence Oddoux
Âge : 22 ans.
Formation : préparatrice en pharmacie.
Lieu d’exercice : Pharmacie centrale à Romans-sur-Isère (Drôme).
Ce qui la motive : vivre pleinement ce que j’ai à vivre.
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