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- 95 % des pharmaciens pour une hausse du forfait à la boîte
95 % des pharmaciens pour une hausse du forfait à la boîte
Forte des résultats de son enquête, l’USPO est bien décidée à défendre ses positions lors de la prochaine négociation, qui aura lieu le 15 septembre. Le syndicat, qui s’est désolidarisé de la grève des gardes, a bon espoir de voir la situation financière se débloquer.
Nous avons reçu 3 800 réponses à notre enquête lancée en août auprès des pharmaciens. C’est du jamais vu dans la profession », a déclaré d’emblée Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), lors de sa conférence de presse du 8 septembre. Une satisfaction d’autant plus grande pour le syndicat que les pharmaciens plébiscitent les mesures économiques qu’il défend. Ils sont ainsi 95 % à être favorables à une revalorisation de la marge par l’augmentation de dix centimes du forfait à la boîte, soit 0,63 €, contre 0,53 € actuellement. « Il faut trouver la méthode la moins coûteuse pour l’Assurance maladie et la plus profitable au réseau officinal. Cette augmentation de dix centimes permet de rapporter 270 millions d’euros au réseau et ne coûte que 195 millions à l’Assurance maladie. Il n’y a pas photo : notre solution est la bonne », détaille Gilles Bonnefond. Selon lui, cette hausse du forfait à la boîte est aussi compatible avec une baisse des prix des médicaments chers. En outre, elle présente l’avantage d’être répartie entre le régime obligatoire et le régime complémentaire. « Cette mesure est un vrai choix stratégique de l’USPO, validé depuis quatre mois et confirmé aujourd’hui par les pharmaciens », commente le président délégué.
Autre confirmation pour le syndicat : celle de l’arrêt des grands conditionnements, son cheval de bataille. Ils sont, en effet, 93 % à approuver cette proposition. Et 300 pharmaciens n’ont pas hésité à aller plus loin en signalant les problèmes d’observance dus aux conditionnements trimestriels.
Mauvaise observance et grands conditionnements
De nombreux pharmaciens expliquent que les patients, en particulier les personnes âgées, sont « perdus » entre les conditionnements trimestriels et leurs autres traitements à renouveler chaque mois. Certains arrêtent ainsi leur traitement durant deux mois jusqu’au renouvellement de leurs conditionnements trimestriels. « Au nom de l’observance, on a diminué l’observance », lance Gilles Bonnefond. Et d’insister sur ce problème de santé publique que fait émerger l’enquête du syndicat : « Il faut travailler sur ce sujet avec les pouvoirs publics, les associations de patients et les médecins. »
Enfin, dernier point sur lequel se bat l’USPO : les établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD). Le syndicat demande de prolonger d’une année l’expérimentation en EHPAD avec les pharmaciens référents. A condition d’avoir une facturation détaillée des médicaments délivrés avec la carte Vitale. « Jusqu’à présent, les pharmaciens reçoivent une facture non détaillée. On ne sait pas qui consomme quoi. Ce qui va à l’encontre de ce que veut l’Assurance maladie », explique Gilles Bonnefond, qui, très en verve, ajoute : « On est en train de réinventer l’hôpital d’il y a vingt ans en EHPAD ! » L’USPO souhaite également que la possibilité de création de pharmacies à usage intérieur par les EHPAD disparaisse et que ce changement figure dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2011. « Si on néglige les EHPAD, si on globalise le médicament, on va casser le réseau », prévient le président délégué, qui tenait déjà ce discours avant l’enquête. Il est vrai que de nombreuses pharmacies travaillent avec des EHPAD (37,6 % des répondants).
Marge, grands conditionnements, EHPAD… L’USPO va bien évidemment mettre ces propositions sur la table des négociations avec les pouvoirs publics le 15 septembre. En se référant aux résultats de son enquête.
Des signaux positifs de la part du ministère
Le syndicat compte demander une prise en charge par les complémentaires des médicaments conseillés par les pharmaciens et le renforcement du réseau pharmaceutique de proximité en milieu rural et dans les zones difficiles. Gilles Bonnefond estime que le ministère de la Santé est prêt à « lâcher quelque chose ». Les pouvoirs publics sont conscients des difficultés économiques des officines (voir graphique). Pour autant, la marge de manœuvre est étroite. « Il faut prendre tout ce qu’on va nous donner », souligne-t-il.
Les discussions sur les holdings reprennent
Le 8 septembre après-midi, syndicats professionnels et pouvoirs publics se sont de nouveau rencontrés au sujet des sociétés d’exercice libéral (SEL) et des sociétés de participation financière des professions libérales (SPF-PL) ou holdings. Le dossier devrait donc avancer. Durant l’été, la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France), l’UNPF (Union nationale des pharmacies de France) et l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine) ont trouvé un compromis pour les adjoints qui convient à ces derniers : ils pourront en effet participer à une SPF-PL.
L’USPO demande par ailleurs l’exonération fiscale pour les regroupements ainsi que l’intégration des frais de rachat d’une officine par un regroupement dans le bilan. « Ce n’est pas aux pharmaciens de supporter les coûts de la restructuration du réseau », résume Gilles Bonnefond. Affaire à suivre.
MC
Le profil des répondants
Au 8 septembre, 3 800 pharmaciens avaient répondu à l’enquête de l’USPO, mais le dépouillement des résultats a porté sur les 3 718 premières réponses.
• Sur 3 718 répondants, 40,3 % ont une pharmacie en zone rurale ; 18,1 % en centre-ville ; 37,8 % ont une pharmacie de quartier et 3,8 % en centre commercial.
• Sur 3 699 pharmaciens ayant répondu sur leur chiffre d’affaires (CA), 8,1 % ont un CA inférieur à 750 000 € ; 47,9 % un CA de 750 000 € à 1,5 M€ ; 34,4 % ont un CA de 1,5 M€ à 2,5 M€ ; 9,6 % un CA supérieur à 2,5 M €.
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