60 % des fermetures d’officines sont liées à l’absence de repreneur

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60 % des fermetures d’officines sont liées à l’absence de repreneur

Publié le 13 mars 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Les fermetures de pharmacies s’accélèrent. L’an passé, 290 pharmacies ont fermé, une hausse de 17 % par rapport à 2023 et de 35 % par rapport à 2022. Selon les experts-comptables du groupement CGP, le seuil des 15 000 officines semble être la trajectoire.

La France dénombre actuellement 19 887 officines. Pour mieux comprendre l’accélération des fermetures, la typologie des pharmacies touchées, leur situation géographique et les raisons qui ont conduit à mettre la clé sous la porte sont intéressantes à analyser.

Peu de fermetures indemnisées

Phénomène préoccupant, le nombre de fermetures non indemnisées ne cesse d’augmenter ces dernières années. Ces fermetures « sèches », sans indemnisation ni liquidation – le titulaire décidant de cesser son activité faute de repreneur – représentent 60 % du total des fermetures.

« Les concurrents attendent leur mort et ne s’en cachent pas », regrette Nicolas Trikian, responsable communication de la CGP.

Pour le reste, 16 % sont des fermetures définitives indemnisées, 10 % sont liées à des regroupements, 3 % sont dues à des liquidations judiciaires. Les autres causes de fermetures n’ont pu être précisées (11 %).

L’effet de taille joue à plein

Le sort des petites officines est critique. 44 % des fermetures concernent des pharmacies dont le chiffre d’affaires était inférieur à 500 000 euros, 25 % dont le chiffre d’affaires se situait entre 1 million et 2 millions d’euros, et 21 % entre 500 000 et 1 million d’euros. Les 10 % restants concernent de plus grosses pharmacies.

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Des régions plus touchées

L’ensemble des régions a été impacté par des fermetures ces 10 dernières années. Parmi les plus préoccupantes :

– la Bourgogne, qui a perdu 16,3 % de ses pharmacies ;

– l’Auvergne (-14,3 %) ;

– la Normandie (-14,2 %) ;

– le Centre (-13,9 %) ;

– la Bretagne (-12,08 %) ;

– Seule l’Alsace affiche un taux d’évolution quasi stable à 0,4 % (chiffres Gers Data).

Maillage territorial en péril

Pour Bastien Legrand, président du groupement d’experts-comptables CGP, le constat est simple :

« Les petites officines situées en milieu rural doivent être soutenues. Elles ont toute leur légitimité en matière de santé publique. Malheureusement, l’absence de repreneur est de plus en plus marquée et menace le maillage territorial ».

De quoi relancer le débat sur la notion de territoire fragile.