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300 fermetures d’officines en 2024 : le réseau officinal à un tournant de son histoire
En France, le nombre de fermetures de pharmacie n’a jamais été aussi important. S’il traduit l’ampleur des difficultés économiques rencontrées par la profession, il rappelle aussi combien l’officine est en train de changer de paradigme.
Dans un éditorial publié le 6 octobre dernier, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), rappelait les difficultés économiques rencontrées par le secteur officinal et citait le chiffre de 300 fermetures d’officines pour la seule année 2024. « Il s’agit d’un chiffre prospectif reposant sur le nombre d’officines ayant déjà fermé depuis le début de l’année et sur les données de l’an passé », note le président du syndicat. Des projections également confirmées par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO). « Seul l’Ordre donnera des chiffres stabilisés, mais, en effet, au regard du nombre de fermetures depuis le début de l’année, nous risquons de dépasser le chiffre de 300 d’ici la fin 2024 », constate Guillaume Racle, conseiller en économie et offre de santé à l’USPO.
Après le Covid-19, un effet ciseau
« Depuis le 1er semestre 2023 et jusqu’au dernier semestre 2024, nous subissons une dégradation économique. Nous avons touché le fond de la piscine entre juin et août derniers. Nous sommes sur une remontée lente et pénible grâce aux dispositifs économiques mis en place lors de l’avenant économique. Nous avons désormais une visibilité sur les ressources à venir et nous avons appris à contraindre les charges de l’entreprise », souligne Philippe Besset. Si l’USPO partage les explications des causes liées à l’effet ciseau post covid – baisse des prix des médicaments et hausse des dépenses dûes à l’inflation-, le syndicat doute néanmoins des effets bénéfiques de l’avenant : « L’avenant économique ne compense pas l’inflation subie entre 2019 et 2024, se situant autour de 10 %, mais vise à pallier l’inflation actuelle. Or, si les marges augmentent de 2 %, les charges, elles, croissent de 4 %, soit presque deux fois plus vite que l’inflation. Les mesures de l’avenant sont donc insuffisantes pour stabiliser l’économie officinale. En outre, 40 % des pharmacies perdent à la fois du chiffre d’affaires et de la marge », souligne Guillaume Racle.
Un réseau à 19 000 ou 15 000 officines ?
Aujourd’hui, la vitalité du réseau est au cœur des problématiques de l’officine. Afin de pallier les fermetures et de consolider l’économie des pharmacies en difficulté, le nouvel avenant économique prévoit ainsi, outre des revalorisations, des aides financières specifiques destinées aux officines situées dans les territoires dits fragiles. Selon Philippe Besset, le réseau devrait ainsi se stabiliser entre 19 000 et 20 000 officines. « Il s’agit du nombre de pharmacies dont le pays a besoin. Il y a une volonté politique forte sur le sujet. » Un argument balayé par Guillaume Racle. «Prétendre vouloir sauver les officines en se préoccupant des territoires fragiles est un écran de fumée. Nous avons eu les premières réunions avec les ARS. Seules une à trois officines par région bénéficieront des aides. Nous ne sommes pas sur des volumétries permettant de compenser ces pertes. Si nous continuons sur cette dynamique, nous risquons de perdre 4 000 à 5 000 officines dans les années à venir, soit un réseau réduit à 15 000 pharmacies. »
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