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2010 réserve un double objectif aux génériques

Publié le 19 décembre 2009
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Les syndicats et l’Assurance maladie ont présenté le 15 décembre dernier le nouvel accord conventionnel sur les médicaments génériques. En 2010, l’objectif national de substitution sera fixé à 80 % et une vingtaine de nouvelles molécules seront suivies à la loupe.

Nous espérons que la substitution permettra de réaliser plus de 300 millions d’euros d’économies nouvelles en 2010. La fin de la protection de plusieurs médicaments à fort chiffre d’affaires va nous y aider », a annoncé mardi 15 décembre Frédéric Van Roekeghem. Le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie a en effet paraphé avec Philippe Gaertner, président de la FSPF, Claude Japhet, président de l’UNPF, et Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO, le nouvel avenant à l’accord sur la fixation d’objectifs de substitution pour 2010. Un avenant présenté beaucoup plus tôt que celui de 2009 qui avait été divulgué fin avril. Une bonne raison à cela : la présence récente sur le marché de génériques dont les princeps pèsent lourd et la venue prochaine de molécules du même acabit.

Le taux de substitution devrait être de l’ordre de 77 % fin 2009

Pour 2010, un double objectif a été fixé : atteindre un taux de 80 % de pénétration des génériques sur le Répertoire en cours dans l’ensemble des départements et porter un effort particulier sur les molécules récemment inscrites au Répertoire dont le potentiel est élevé.

Cela ressemble furieusement à des comptes d’apothicaire mais, au 30 novembre, alors que l’avenant pour 2009 prévoyait 82 %, le taux de pénétration des génériques pour les molécules génériquées depuis plus de 18 mois (Répertoire du 30 juin 2008) avait atteint 82,5 % et près de 80 % en prenant comme référence le Répertoire du 31 décembre 2008. En se basant sur le Répertoire du 30 juin 2009, le taux de substitution devrait être de l’ordre de 77 % fin 2009. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce Répertoire en cours comprend 17 % de molécules nouvellement génériquées (contre 7 % en 2008). Et il faut en moyenne douze mois pour obtenir un taux de 75 % sur un nouveau générique.

Beaucoup sont donc encore en phase de montée en charge. Néanmoins, à Répertoire constant, les chiffres sont en progression de 6,7 points (77, 1 % en novembre 2009 contre 70,4 % en décembre 2008). Afin de consolider le Répertoire mature, il a donc été décidé d’un objectif national de pénétration des génériques pour 2010 à 80 %. « Les ordonnances délivrées dans les officines, sans que ne joue l’effort de substitution des titulaires et de leurs équipes, sont aujourd’hui de plus en plus rares, se félicite Philippe Gaertner. Pour maintenir cet effort, il va falloir agir sur toutes les molécules qui existent sans lever le pied de l’accélérateur, sinon cela retombe très vite. »

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Dans le détail, les départements dont le taux de pénétration des génériques est égal ou supérieur à 80 % au 30 novembre 2009 doivent maintenir ce taux pour 2010.

Les autres ont pour objectif d’atteindre les 80 % au 31 décembre 2010. Et ce n’est pas forcément gagné d’avance. Au 30 novembre, seuls 36 départements ont réussi à atteindre ou dépasser le cap fatidique des 80 % (voir carte). Lozère, Tarn-et-Garonne, Aveyron et Gers sont en tête avec plus de 85 %. En queue de peloton, Guadeloupe, Guyane, Paris et Haute-Corse (moins de 70 %). Un objectif de substitution a priori moins ambitieux qu’en 2009. Ce n’est qu’une contrepartie face à la demande d’effort ciblé devant se traduire par un poids plus important des médicaments nouvellement génériqués.

Porter un effort particulier sur les molécules à fort potentiel

En effet, petite nouveauté pour 2010, « l’effort est ciblé sur les molécules à fort potentiel récemment inscrites au Répertoire ou en voie de l’être et à fort potentiel », insiste Frédéric Van Roekeghem, en soulignant que ce point est majeur. Il cite volontiers le clopidogrel qui peut permettre à lui seul de dégager plus de 200 millions d’euros d’économies. Plavix est génériqué depuis fin septembre et le taux de substitution atteindrait déjà environ 60 %. Le clopidogrel fait partie des 20 molécules et associations choisies dotées d’un objectif chiffré (voir tableau). « Vingt molécules sur lesquelles les pharmaciens vont avoir une action directe et impliquée cette année », relève Claude Japhet, rappelant au passage que « l’acceptation par le public du générique, on la doit à la profession pharmaceutique ». Philippe Gaertner défend l’idée qu’il « faut faire monter très rapidement la substitution dès qu’une molécule arrive ». Gilles Bonnefond salue lui aussi la précocité de l’accord : « Quelques jours de gagnés sur une molécule à très gros potentiel, cela peut vite représenter 1 ou 2 millions d’euros d’économies supplémentaires. » Enfin, compte tenu de leur spécificité et de leur potentiel d’économie, la buprénorphine et le fentanyl feront l’objet d’un suivi particulier. « Même si ces molécules particulières s’adressent à des patients particuliers, l’effort ne doit pas être relâché, concède Gilles Bonnefond. L’offre générique dans ce domaine n’est pas large. Aujourd’hui le taux de substitution sur la buprénorphine doit tourner autour de 30 % et c’est difficile de gagner en point, mois par mois. Pour le fentanyl, c’est également compliqué. La forme patch et les débats autour de la substitution de Durogesic sont à prendre en compte. »

En 2009, le développement des médicaments génériques, qui représentent aujourd’hui plus de 23 % des boîtes de médicaments remboursées, aura généré plus d’un milliard d’euros, indique l’Assurance maladie (contre 905 millions en 2008). A ce chiffre conséquent, c’est le moins que l’on puisse dire, il faut ajouter 155 millions d’euros grâce aux TFR et 90 millions grâce aux baisses de prix s’imposant aux princeps génériqués.