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Une prévention qui marche
Selon le Réseau de prévention des addictions (Respadd), le bilan des programmes d’échange de seringues en officine, qui fêtent leurs 20 ans, est très positif.
Les contaminations par le VIH chez les usagers de drogue n’arrivent presque plus en France, vous pouvez être fiers de vous », a lancé Marie-Josée Augé-Caumon aux pharmaciens. La présidente du nouveau Collège national des pharmaciens d’officine et des pharmaciens hospitaliers s’exprimait lundi 25 novembre dans le cadre d’un colloque organisé à Paris par le Réseau de prévention des addictions (Respadd). Alors que les premiers programmes d’échange de seringues en pharmacie fêtent leurs 20ans, le bilan est positif. « En 2014, on recense 49 programmes répartis sur 41départements français. Près de 1 000 équipes officinales sont impliquées et distribuent plus de 450 000 kits par an contenant du marériel d’injection stérile. L’amplitude du dispositif a doublé depuis 2009 », chiffre David Michels, chargé de projet pour le Respadd et auteur de cet état des lieux.
Une implication de toute une équipe
Il faut dire que depuis les premières expériences mises en place dans les années 90, encore marquées par l’épidémie de sida, les programmes d’échange de seringues en pharmacies ont démontré non seulement leur intérêt de santé publique (diminution de la fréquence des injections et du partage du matériel, augmentation de l’usage des désinfectants sans pour autant attirer de nouveaux usagers vers les drogues injectables) mais aussi leur pertinence puisque les données du « Baromètre santé » 2003 ont montré que 85 % des pharmaciens voient au moins une fois par mois un usager de drogues injectables pour une demande de matériel ou de médicament.
« Le partenariat avec les officinaux est une évidence dans une région rurale comme la nôtre, où il n’y a qu’un Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues [CAARUD] par département. Le pharmacien est un véritable acteur de santé publique, pas un simple automate de distribution de seringues », souligne Kévin Condé, pharmacien à Toulouse et partie prenante d’un programme d’échange de seringues en Midi-Pyrénées attendu en 2015. Confirmation par l’expérience du CAARUD de Nîmes qui s’appuie sur 205équipes officinales, un réseau dont l’animation est essentielle à la réussite. « C’est vraiment une implication de toute une équipe. D’ailleurs, bien souvent, notre premier interlocuteur est un préparateur », témoigne Michel Lemonnier, chef de service du Caarud Logos de Nîmes. Les écueils logistiques sont également en passe d’être surmontés. L’ARS locale a ainsi autorisé cette année le réseau de Nîmes à faire livrer les kits par un répartiteur.
Reste la question de la récupération des déchets. Les seringues des usagers de drogues ne sont pas des DASRI au sens strict et leur collecte s’avère très problématique par endroits. Albert Herszkowicz, membre de la commission « addictions » au sein de la DGS, a assuré que les discussions avec l’organisme DASTRI étaient en bonne voie et que la situation devrait s’arranger rapidement pour tout le territoire.
En quête de reconnaissance
« Avec les programmes d’échange de seringues, on parle de 20 ans d’altruisme et de militantisme des pharmaciens et de leurs équipes. Mais cet engagement mérite reconnaissance. Ma génération se fait vieille et le temps du militantisme est en passe d’être révolu », a souligné sous les applaudissements nourris de la salle l’un des pionniers, Bernard Pénicaud, pharmacien à Niort. La rémunération de ce type de missions des pharmaciens pourrait trouver sa place dans la loi de santé publique qui doit être examinée par les parlementaires début 2015.
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