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« Un protocole pour aider les patients à ne plus fumer »

Publié le 2 juillet 2022
Par Alexandra Blanc
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Valérie Girbent-Rocchi s’est formée pour accompagner les personnes en sevrage tabagique. Cette titulaire reçoit désormais plus de 60 patients par an dans le cadre d’entretiens.

Tout a commencé lorsque Valérie Girbent-Rocchi s’est engagée dans l’éducation thérapeutique du patient insuffisant cardiaque au sein d’un réseau. « La grande majorité des participants étaient dépendants au tabac, raconte-t-elle. Une fois le banal “Il faudrait arrêter de fumer” prononcé, les patients se retrouvaient seuls. Les services hospitaliers sont débordés, les CSAPA* peu adaptés et l’offre en ville est très limitée. » Ce qui l’a décidé à se former. La pharmacie de quartier que codirige cette pharmacienne dynamique est située à Allauch en périphérie de Marseille (Bouches-du-Rhône). « J’ai formé, à mon tour, mon équipe au repérage précoce. Tout le monde est capable de cibler les patients au comptoir et de leur proposer un rendez-vous. » Le protocole d’accompagnement qu’elle a mis en place a été élaboré en s’appuyant sur les recommandations des autorités sanitaires et des sociétés savantes, en les adaptant à l’officine. Il comprend un entretien initial de 35 à 40 minutes, puis un autre de suivi sept à dix jours après, qui peut se faire à distance, et enfin des rendez-vous tous les mois pendant trois mois à un an. En parallèle, de 2016 à 2018, Valérie Girbent-Rocchi s’est régulièrement investie dans un projet mené par l’union régionale des professionnels de santé (URPS) Provence-Alpes-Côte d’Azur au cours du mois sans tabac. Les bons résultats ont permis de négocier auprès de l’agence régionale de santé pour trois ans un programme de prise en charge des patients sur toute une année.

Des réussites inespérées

Aujourd’hui, la pharmacienne reçoit une soixantaine de patients chaque année en consultation de tabacologie. « Les personnes viennent grâce au bouche-à-oreille ; je suis également référencée sur le site tabac-info-service.fr et nous travaillons en interpro. »

Les personnes qui arrêtent de fumer sont toujours très reconnaissantes. « J’ai été fière de pouvoir aider une jeune femme en désir de grossesse. Elle était allergique à tous les patchs. Il a fallu mettre en place une stratégie spécifique. Et après plusieurs mois et une rechute, elle a fini par arrêter. C’était une vraie collaboration, nous avions vraiment un projet commun », se réjouit Valérie Girbent-Rocchi. Mais l’accompagnement de certains patients est parfois plus délicat. « Quand on se lance en tabacologie, il faut se constituer un réseau de personnes-ressources à qui adresser notamment les patients complexes atteints de pathologies psychiatriques ou qui présentent des coaddictions, ou encore ceux qui vont nécessiter un suivi en techniques cognitivocomportementales. »

Pour que les pharmaciens s’engagent vraiment dans le sevrage tabagique, il manque, selon elle, un cadre précis, de la formation et une reconnaissance financière. C’est pourquoi elle aurait apprécié que le projet d’entretiens pharmaceutiques du patient tabagique soit retenu au sein de la nouvelle convention nationale pharmaceutique. Dans un avenir proche, elle souhaite s’investir de façon plus intense en faveur de la formation des professionnels de santé.

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* Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie.

BIO Valérie Girbent-Rocchi

1992 Diplômée de la faculté de pharmacie de Marseille (Bouches-du-Rhône)

2005 Cotitulaire à Allauch (Bouches-du-Rhône)

2014-2015 Diplôme interuniversitaire de tabacologie