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Un homme-orchestre à l’hôpital
Pharmacien hospitalier, Denis Gratadour est un véritable pivot au sein du centre gérontologique des Bouches-du-Rhône. Il gère le circuit du médicament de A à Z et assure l’information des équipes médicales.
Pas de bloc opératoire ici et pas de service de réanimation. L’aspect extérieur est celui d’un hôpital, mais nous sommes à quelques encablures de la Timone, à Marseille, dans le plus grand centre gérontologique départemental. Avec ses quelque 500 lits (plus de 380 de long séjour, 80 de moyen séjour, 30 de court séjour, 30 lits SSIAD et 15 lits HAD), il fait figure de géant et compte parmi les plus importants de France.
« Mon travail est celui d’un pharmacien travaillant dans un hôpital général avec en particulier la participation aux différentes commissions », explique Denis Gratadour, pharmacien du centre gérontologique. Avec toutefois quelques spécificités liées à la population accueillie… « Je vois en effet un peu plus de visiteurs médicaux que mes confrères. Beaucoup d’essais thérapeutiques sont mis en place avec des personnes âgées de plus de 80 ans. La moyenne d’âge des 500 patients que nous accueillons tourne autour de 86 ans », explique le pharmacien.
C’est dire si le centre gérontologique est courtisé par les laboratoires et bien sûr le pharmacien hospitalier se trouve en première ligne. « J’ai de nombreux contacts très fructueux avec les laboratoires. Je suis aussi le témoin privilégié de la lutte qu’ils se livrent sur ce terrain », sourit-il.
Les échanges relationnels, voilà le pivot de son métier. « Mon poste est d’autant plus privilégié qu’étant le seul pharmacien dans la structure, je suis le point de contact entre tous les services. Je travaille beaucoup avec les médecins, les infirmiers, la direction. » Véritable homme-orchestre du circuit du médicament au centre gérontologique, Denis Gratadour n’en garde pas moins à l’esprit le but principal de son activité : « Le premier objectif est qualitatif : nous devons réduire la iatrogénie et travailler sur la sécurisation du circuit pharmaceutique tout en obtenant des traitements thérapeutiques au meilleur rapport coût/efficacité. Je passe régulièrement dans tous les services pour vérifier l’armoire à pharmacie et je vois souvent les médecins pour évoquer les éventuels problèmes et les résoudre au plus vite. »
Objectif : sécurisation du circuit pharmaceutique.
Les missions du pharmacien hospitalier ont en effet beaucoup évolué ces vingt dernières années et sa responsabilité a notablement grandi. Le décret n° 2000-1316 relatif aux pharmacies à usage intérieur et modifiant le Code de la santé publique (JO du 30.12.2000) stipule notamment que « le pharmacien d’un établissement de santé responsable d’une pharmacie à usage intérieur se doit d’assurer la gestion, l’approvisionnement, la préparation, le contrôle, la détention et la dispensation des médicaments et des dispositifs médicaux stériles, de mener ou de participer à toute action susceptible de concourir à la qualité et à la sécurité des traitements et des soins dans les domaines relevant de la compétence pharmaceutique »…
Ainsi Denis Gratadour est-il président du comité du médicament et du comité des dispositifs médicaux stériles, un organisme interne à l’établissement chargé d’étudier l’ensemble des problèmes liés au choix, à l’utilisation et à l’environnement des produits pharmaceutiques. Il définit un livret thérapeutique et un livret des dispositifs médicaux qui déterminent la liste des produits retenus par l’établissement et leurs protocoles d’utilisation. « Je suis également responsable de la matériovigilance et de la pharmacovigilance, vice-président du comité de lutte des infections nosocomiales, membre de la commission médicale de l’établissement, du comité d’hygiène et de sécurité des conditions de travail. Je participe à une ou deux réunions par semaine, c’est astreignant mais cela permet de suivre tout le fonctionnement de l’hôpital de A jusqu’à Z. Mon rôle est de fournir l’hôpital en médicaments et en dispositifs médicaux les moins chers possible », explique-t-il.
Négocier au meilleur prix.
Une mission qui nécessite diplomatie et sens de la négociation. Car lors de l’établissement de la liste des médicaments et dispositifs médicaux utilisés par le centre gérontologique, Denis Gratadour doit garder à l’esprit son rôle de gestionnaire du budget pharmaceutique et sa fonction dans l’achat et l’approvisionnement. Ainsi, il doit négocier les conditions d’achat en respectant la législation en vigueur, notamment le Code des marchés publics pour les établissements de santé publique. Dans cet optique, il lui faut classer les différentes offres en tenant compte des coûts de traitement journalier, du chiffre d’affaires prévisionnel et du budget alloué. « En septembre nous faisons le bilan des médicaments qui tournent ou non. Puis, en fonction de ces discussions avec l’équipe médicale, je fais des appels d’offres à tous les laboratoires. En janvier, c’est l’heure du bilan des dépenses, une phase qui comprend une partie relationnelle importante avec l’économat, la direction et l’équipe médicale. »
Le malade au coeur des préoccupations.
Autre rôle de taille, Denis Gratadour doit pouvoir fournir en temps utile différents types d’information à divers publics : médecins, infirmiers, personnels administratifs, étudiants ou laboratoires. Cette activité suppose une documentation fournie et complète, scientifique et économique, et des outils de communication à sa disposition. « Grâce aux nombreux contacts avec les laboratoires, nous sommes souvent informés en temps réel. Je participe également à des congrès et assiste régulièrement à une réunion d’information organisée toutes les semaines par un laboratoire différent pour présenter aux équipes médicales un nouveau médicament ou une nouvelle indication. »
En poste depuis 1978, Denis Gratadour ne se lasse visiblement pas des missions qui lui incombent. « Bien sûr la hiérarchie est parfois un peu sclérosante, mais la diversité des tâches, la richesse des contacts avec des publics aussi différents que les médecins, les laboratoires, les services gestionnaires, sont passionnantes. Et, surtout, le malade reste au centre de nos préoccupations », conclut Denis Gratadour.
Le parcours de Denis
– 1er mai 1948 : naissance à Gardanne (Bouches-du-Rhône).
– 1973 : diplômé de la faculté de pharmacie de Marseille.
– 1974-1978 : interne au CHU de l’Assistance publique de Marseille.
– 1977 : concours de pharmacien hospitalier.
– Mars 1978 : entre au centre gérontologique départemental.
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