Sérialisation des médicaments : pour la FSPF, ce dispositif ne sert à rien

© Une douchette pour scanner un médicament - Philippe Matsas

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Sérialisation des médicaments : pour la FSPF, ce dispositif ne sert à rien

Publié le 29 novembre 2018
Par Francois Pouzaud et Laurent Lefort
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Réunie en assemblée générale les 27 et 28 novembre derniers, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a pris une motion sur la sérialisation des médicaments. 
Ce système de vérification de l’authenticité d’un médicament entre sa mise en distribution et sa dispensation à un patient entre en application le 9 février 2019, conformément à la réglementation européenne. « Ne partageant pas le choix d’une mise en œuvre stricte du règlement délégué intervenant en application de la directive " médicaments falsifiés " plutôt que celui d’une adaptation à la situation particulière de la pharmacie française en Europe, la FSPF décide de démissionner du collège sérialisation du CIP " France  MVO " », annonce Philippe Besset, vice-président de la FSPF. Pour rappel, France MVO est chargé de la mise en place de la sérialisation en France.

Mais quelle mouche a piqué la FSPF pour prendre cette décision de partir, alors que, via Résopharma, elle avait répondu à l’appel d’offres visant à connecter les officines à la base de données nationales, à l’aide d’un concentrateur ? « Le projet global est très performant en termes de technologie mais il ne sert rigoureusement à rien en termes de sécurité sanitaire pour les patients puisque le sujet de la sérialisation n’est pas de s’occuper de la traçabilité des médicaments », explique Philippe Besset. Et de développer : « Lors de la délivrance, le pharmacien va désactiver le numéro d’identification d’une boîte dont on ne sait pas si c’est la bonne boîte ou pas. » Cette pseudosécurité a un autre effet négatif, elle peut rendre un médicament indisponible à un patient qui en a besoin. Lors du congrès du groupement Giphar en septembre dernier, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine mettait lui aussi l’accent sur le risque d’incident au moment de délivrer la boîte au patient : « Le combat est là : je ne dois pas recevoir une marchandise que je ne peux pas délivrer à mon patient. Ce patient, à qui je vais dire " vous devez être observant " et à qui je ne vais pas pouvoir délivrer la boîte au moment de la vente car il y a un problème en Hongrie ou ailleurs ! ». Le même Gilles Bonnefond, très remonté contre la FSPF depuis que la polémique sur la prise en charge des honoraires sur les médicaments à 15 % a été jetée en pâture à l’opinion publique lundi 26 novembre, avance par ailleurs une autre explication : « La FSPF tient un double discours guidé par des intérêts particuliers, en fait elle se retire de France MVO parce que sa candidature n’a pas été retenue. »

Reste que la traçabilité est un vrai sujet à traiter et que l’affaire paraît très mal engagée à deux mois de l’échéance, notamment au niveau des développements informatiques des éditeurs de logiciels de gestion de l’officine (LGO). « Ceux-ci n’ont pas développé les préconisations de France MVO sachant qu’il y a mieux à faire avec eux sur la traçabilité », indique Philippe Besset. Ce sujet sera, à n’en pas douter, abordé lors de la réunion ce jeudi entre le ministère de la Santé, la FSPF et les éditeurs de LGO, afin de savoir quel dispositif mettre en place. A cette occasion, ce syndicat fera des propositions au gouvernement afin que les officinaux aient les moyens d’assurer la traçabilité des médicaments dispensés, au besoin en modifiant la réglementation européenne. Pour l’USPO, « il faut changer ce qui a été mal écrit. Outre faire en sorte que tout produit commandé par un pharmacien ne puisse pas être détecté comme invendable au moment de la transaction, il faut pouvoir aussi gérer automatiquement la gestion des numéros de lots et des dates de péremption, via Pharma-ML, les LGO et la lecture des codes Datamatrix », livre Gilles Bonnefond.

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