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Ruptures de stock : en ville comme à l’hôpital…

Publié le 5 juillet 2019
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Les ruptures en médicaments deviennent un véritable problème de santé publique. De plus en plus fréquentes en ville comme à l’hôpital (40 molécules en 2009, 500 en 2019), elles impactent nos organisations, le circuit du médicament mais surtout la prise en charge thérapeutique des patients.

Certaines molécules d’exception comme les médicaments à intérêt thérapeutique majeur tombent désormais régulièrement en rupture ! C’est le cas des anticancéreux, des immunoglobulines, des vaccins, des antibiotiques, des anticoagulants, des antidiabétiques, des antihypertenseurs ou encore des psychotropes. De plus, les laboratoires n’informent pas systématiquement les structures de soins lorsqu’un produit est en rupture et qu’une commande ne pourra être honorée. C’est donc aux pharmaciens de rester vigilants et de faire un point quotidien avec leurs fournisseurs sur l’état actuel des stocks et les commandes en cours. Il est malheureusement fréquent qu’une rupture de stock soit annoncée par la non-livraison d’une commande…

En milieu hospitalier, les actions alors mises en œuvre pour pallier ces manques (alertes prescripteurs, recherches d’alternatives, nouveaux marchés, substitutions, changements de pratiques, limitations des indications, etc.) sont chronophages et demandent de fait de plus en plus de ressources humaines afin de prévenir une impossibilité de prise en charge ou une interruption de traitement.

En ville, les pharmacies sont également impactées au quotidien, sans que des solutions palliatives provisoires ne soient instantanément apportées par les instances et les laboratoires pour maintenir la bonne prise en charge thérapeutique des patients. Et malheureusement, les pharmacies à usage intérieur ne sont pas systématiquement une solution de recours ! Elles sont aussi le plus souvent dans la même impasse. Pour rappel, seuls les médicaments disposant d’une autorisation de rétrocession peuvent être dispensés aux patients ambulatoires (liste des médicaments rétrocédables disponible sur le site internet de l’Agence nationale de sécurité du médicament), autorisation souvent délivrée tardivement en cas de rupture. Cette situation met alors en porte-à-faux les pharmaciens et les médecins dans leurs modalités de prise en charge et de dispensation…

Il est avant tout primordial qu’aucun patient ne soit livré à lui-même pour trouver cette solution palliative transitoire. En effet, de récents témoignages font état d’achats sur Internet ou de mise en place d’alternatives thérapeutiques personnelles. Qu’en est-il alors de leur sécurité ? Dès qu’une telle situation se présente, seul un dialogue entre le pharmacien de ville, le pharmacien hospitalier et le médecin traitant peut garantir une bonne prise en charge des patients.

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Outre ces problématiques organisationnelles, il est urgent de bénéficier d’un système de santé permettant d’approvisionner continuellement nos structures en médicaments, d’avoir des usines de production implantées en France afin de maintenir une autonomie et de ne pas dépendre continuellement des marchés concurrentiels.