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Responsable des traitements de substitution
Gilles Focant, préparateur, accompagne les patients qui suivent un traitement de substitution aux opiacés. Parcours.
Gilles Focant a du sang froid. C’est lui qui affronte les toxicomanes en crise au comptoir. « Dernièrement, l’un de nos patients, qui vient chaque lundi, s’est présenté un samedi, ivre et agressif. Je lui ai refusé un chevauchement de traitement et, dans sa fureur, il a embarqué un lot de savons. La semaine suivante, je lui ai montré le film pris par la caméra de surveillance et lorsqu’il s’est vu en train de voler, il s’est excusé et a payé les savons. » Pour être capable de gérer une telle situation, il faut « être compréhensif, prendre le temps de discuter et rester vigilant », explique le préparateur. Il faut aussi que l’ensemble de l’équipe officinale s’engage dans ce type de prise en charge. C’est le cas ici, puisque la titulaire, Colette Carrier-Danjou, a intégré l’officine dans le réseau Bastille d’aide aux toxicomanes dès sa création, en 1994. « Il y a dix ans, les toxicomanes étaient de véritables loques, des personnes en grande souffrance, physiquement et moralement, mais nous ne pouvions rien faire pour eux, se souvient Gilles. Quand ils étaient en manque, c’étaient des loups capables de faire voler les comptoirs. J’étais comme tout le monde, je n’étais pas rassuré et j’avais un regard négatif quand ils entraient à l’officine avec des prescriptions d’Antalvic ou de Temgésic. »
La substitution est autorisée depuis neuf ans. En 1995, le ministère de la Santé a autorisé la substitution par la méthadone ou le Subutex, ce qui a permis de traiter les toxicomanes et de changer le regard porté sur eux. « Il y a des toxicos qui s’en sortent, trouvent un travail et fondent une famille. » La pharmacie Carrier-Danjou prend en charge une trentaine de patients par semaine. « Nous n’acceptons que les patients ayant consulté un médecin du réseau, et initié la substitution pendant plusieurs mois dans un centre spécialisé », explique Gilles. Un accord tripartite patient-médecin-pharmacien est instauré et le patient est informé qu’il doit avoir une tenue irréprochable et respecter la fréquence du traitement. Le préparateur s’occupe du règlement des dossiers de Sécurité sociale, du suivi des stocks de médicaments et des clients occasionnels qu’il oriente vers un centre de prise en charge. « La Sécurité sociale contrôle les délivrances et nous informe en cas d’abus. » Le préparateur se rend aux réunions de formation du réseau Bastille qui traitent autant de toxicomanie que du sida, car l’un et l’autre sont souvent liés : « Dans le cadre de la prévention sida, nous proposons toujours des Stéribox à 1 euro et des préservatifs à 0,35 euro. À ce niveau-là, c’est plus du militantisme que du commerce. »
Pour en savoir plus : réseau ville-hôpital Bastille, tél. : 01 49 28 28 79, ou Croix verte et Ruban rouge, tél. : 02 32 47 52 61, ou SOS Sida, tél. : 0800 840 800.
Gilles Focant
1950 : naissance à Reims.
1970 : CAP de préparateur en pharmacie à l’école Magenta à Paris.
1972 : BP de préparateur en pharmacie à l’école Magenta à Paris.
1972-1975 : préparateur à la Pharmacie anglaise sur les Champs-Élysées à Paris.
1975-1984 : préparateur dans l’Essonne.
1984-1987 : préparateur à Paris (boulevard Lefebvre).
depuis 1987 : préparateur à la pharmacie Carrier-Danjou à Paris.
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