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Pour les prestataires, avant tout continuer

Publié le 4 juillet 2020
Par Magali Clausener
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L’épidémie de Covid-19 et le confinement ont également bouleversé l’organisation des prestataires de soins à domicile (PSAD). Mesures de sécurité pour les soins essentiels, suivi des patients à distance, retour à domicile des malades du Covid-19… Les PSAD étaient aussi au front.

La priorité a été de garantir la continuité de la prise en charge », déclare Charles-Henri des Villettes, président de la Fédération des PSAD. Entre l’épidémie et le confinement, les PSAD ont dû, à l’instar des autres acteurs de soins, réagir très vite, afin de protéger leurs patients et leurs collaborateurs. Les premières mesures concernent les gestes barrières. « Nous avons bien vu que depuis février la situation évoluait et nous avons anticipé le confinement. Avant même le 17 mars, nous avons mis en place les gestes barrières », précise Michèle Dupire, directrice du Service de prestations à domicile de Santélys dans les Hauts-de-France (150 salariés et plus de 16 000 patients pris en charge par an, dont 10 500 sous assistance respiratoire), et administratrice de la Fédération des PSAD. Les prestataires sont cependant aussi confrontés à la pénurie de masques. Finalement, la Fédération met en place une plateforme logistique, prise en charge par Santé publique France, afin d’approvisionner la profession en masques. C’est d’autant plus vital que les PSAD sont, dès le déclenchement du Plan blanc dans les hôpitaux le 6 mars, sollicités pour prendre en charge le retour à domicile des patients non Covid-19, mais fragiles, afin de libérer un maximum de lits.

Un nombre de visites réduit

Avec le confinement, les psad franchissent une autre étape. « la meilleure protection des patients et de nos salariés était d’avoir le moins de visites possibles, sauf pour les soins essentiels, l’installation d’un dispositif médical et le renouvellement d’oxygène », explique Charles-Henri des villettes. « nous avons élaboré un plan de continuité d’activité afin de prendre des mesures de sécurité pour les patients et les collaborateurs, par exemple en multipliant les appels téléphoniques aux patients et en espaçant les livraisons de matériel », relate Eric Fatalot, président de dovixia et directeur en Ile-de-France d’une agence du réseau (12 salariés et une file active de 150 patients, dont 75 % souffrant d’un cancer) et administrateur de la Fédération. Toutes les sociétés mettent en place un suivi des patients à distance par téléphone, voire par visio, sachant que le télétravail de leurs salariés est de rigueur, dans la mesure du possible. Dans les Hauts-de-France, le service de Santélys assure néanmoins plus de 4 000 visites. De son côté, Eric Fatalot modifie le rythme des passages. « globalement, le nombre de visites a été divisé par cinq », constate Charles-Henri des Villettes.

Dans le même temps, les PSAD prennent en charge le retour à domicile de patients Covid-19. « La plupart des patients ont encore besoin d’oxygène, d’antibiothérapie sous perfusion et de nutrition entérale. Ils sont extrêmement fragilisés », explique Michèle Dupire.

Vers une autre organisation

Les premières semaines du déconfinement n’ont pas changé fondamentalement l’organisation mise en œuvre en mars. Mais, les PSAD tirent des premiers enseignements de la crise sanitaire. « Certains tabous liés au télésuivi ont été levés. Nous garderons des outils de télésuivi et de « télévisite », car nous avons eu de bons retours de la part des patients. Pour autant, cela ne remplacera jamais les visites », commente Michèle Dupire. Eric Fatalot partage cette vision. Le télétravail a aussi prouvé son efficacité. « Il faudra trouver le juste équilibre », souligne Charles-Henri des Villettes. Les mesures de sécurité (gestes barrières notamment) et les protocoles devraient aussi perdurer. Michèle Dupire espère que cette crise permettra, par la suite, des échanges et une information « un peu plus fluides » en termes institutionnels et Eric Fatalot que « la profession soit reconnue davantage qu’elle ne l’est, comme un acteur clé de la mise en place de traitements et de la coordination des soins à domicile ».

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