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Potard, botaniste et pédagogue
Depuis sa création en 1994, l’Institut Klorane s’efforce de promouvoir la connaissance du patrimoine végétal. Soixante-dix officinaux passionnés de botanique contribuent aux actions pédagogiques de l’Institut auprès des écoles primaires et des collèges. En sept ans, plus de 50 000 enfants ont bénéficié de cette initiation botanique…
La nature étant la meilleure des armoires à pharmacie, l’homme y puise depuis toujours de quoi se soigner. Or un dixième seulement des 800 000 espèces végétales connues a été étudié. Il s’agit donc de faire vite, quand on sait que la biodiversité s’érode à toute allure, 10 millions d’hectares de forêt étant détruits chaque année, soit l’équivalent d’un terrain de football à la minute… « Sensibiliser les plus grands, comme les plus petits, à la protection du patrimoine végétal », reste donc l’objectif principal de l’Institut Klorane, créé à l’initiative des laboratoires Pierre Fabre. Soixante-dix bénévoles y oeuvrent en portant leur bâton de pèlerin dans les écoles.
Des outils et des vocations
Marie-Françoise Chamberlin, « pharmacien-ambassadeur » à Calais, chargée de recruter des confrères aussi passionnés qu’elle dans la région, explique : « Au départ, l’Institut Klorane avait sélectionné une cinquantaine d’officinaux pour participer à un groupe de réflexion. Au final, nous nous sommes retrouvés une dizaine d’amoureux de botanique très motivés pour transmettre aux enfants notre savoir… » Avec l’aide de l’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres), ils se sont vu attribuer un « livre du maître », un « cahier de l’élève », un poster, un carnet de route, l’herbier et les sachets de graines nécessaires. Chaque année, de nouveaux outils apparaissent : la mallette « Eveil des sens » (destinée aux pharmaciens, elle contient graines, loupes, planches d’herbier, huiles essentielles, touches à sentir, diapositives…), la mallette « Empreintes végétales », des films, un livret sur les épices, un guide d’herborisation et un livret sur la plante fétiche de Klorane : le Calendula.
Plus qu’une connaissance professionnelle obligatoire, la botanique est pour ces pharmaciens bénévoles une passion et un outil de travail inépuisable. « Je m’intéresse depuis toujours à la défense de la nature. Je suis passionnée de phytothérapie. Depuis 1989, je fais déjà partie de l’Ecole des plantes de Bailleul. Quand l’Institut Klorane m’a contactée, je n’ai pas hésité », poursuit Marie-Françoise Chamberlin.
Damien Castaner, pharmacien à Digne, témoigne : « J’avais déjà travaillé chez Pierre Fabre et, en tant que jeune pharmacien, j’avais le désir de sortir de l’officine et de communiquer ma connaissance des plantes… »
Sélectionnées par les pharmaciens partenaires de la fondation, les écoles ouvrent leurs portes aux interventions scientifiques. « On reçoit les outils pédagogiques en début d’année scolaire et, grâce au soutien de l’IUFM, on n’a aucun mal à être accepté dans les classes…, explique Damien Castaner. Depuis quatre ans, on dispose de graines, d’huiles essentielles et on procède à des reconnaissances olfactives. A la fin de l’année, j’expose les plus beaux herbiers et j’organise une sortie. Nous visitons Salagon, un magnifique jardin situé dans un prieuré. Environ six cents enfants se déplacent. »
Marie-Louise Riou, pharmacienne à Lanester, précise que « les enfants sont très réceptifs, très emballés. Ils adorent particulièrement composer leur herbier. Une année, les décorations de Noël réalisées avec des plantes avaient particulièrement bien marché ». Des herbiers qui ne se limitent pas au seul territoire français. Il est arrivé que des élèves, grâce à leurs parents, ramènent des plantes du monde entier. « Formidable !, commente Franck Lahmy, pharmacien à Paris. C’était très excitant de pouvoir toucher des plantes qu’on ne trouve pas dans nos champs. Les enfants étaient fiers et leur curiosité plus que jamais éveillée. Pour nous, instituteurs et pharmaciens, c’est une expérience inoubliable. »
En 1998, l’Institut Klorane a mis en place des journées botaniques sur toute la France. Aujourd’hui, treize grandes villes * accueillent les enfants. Des ateliers pédagogiques sont organisés, couplés à des visites de jardins ou de conservatoires. Un partenariat s’est établi tout naturellement entre les différents protagonistes de l’opération. « Ce qui est réconfortant, c’est de constater que non seulement les enfants sont intéressés par ce qu’ils voient au cours de ces journées, mais aussi qu’on a réussi à leur inculquer le respect de la nature.
Quand on quitte les lieux, tout est impeccable, aucun papier ne traîne », ajoute Marie-Françoise Chamberlin. Mais les visites des parcs et jardins ne ravissent pas que les enfants. Les pharmaciens s’accordent tous à dire que ces journées sont enrichissantes, tant au plan humain que personnel. Sortir de la routine et prendre l’air n’est pas la moindre satisfaction de ces escapades. « On sort du comptoir, on voit des choses concrètes, on partage un peu de notre passion. C’est valorisant de voir que des enfants viennent vous demander des conseils sur les plantes… », commente Damien Castaner. « Ces journées à observer les arbres, à effleurer les plantes, à sentir les fleurs, sont la cerise sur le gâteau », confie Marie-Françoise Chamberlin.
Comment s’improvise-t-on pédagogue ? Le soutien de l’enseignant est précieux, voire indispensable. Marie-Françoise Chamberlin est intarissable : « Je raconte des anecdotes. Plus que les propriétés d’une plante, c’est leur histoire qui titille l’intérêt des enfants. J’aime raconter celle de l’aconit avec le chien Cerbère remonté des Enfers par Héraclès. Partout où il avait bavé, l’aconit s’était levée pour tuer les gens. Le laurier-rose n’est pas mal non plus, puisqu’il a décimé les armées de Napoléon parce qu’elles avaient fait des brochettes avec son bois ! » Et de conclure que son grand plaisir a été de susciter un intérêt vif et débordant chez des enfants pour qui la vie n’est pas toujours facile : « Les zones difficiles relevaient un peu du défi, et pourtant tout s’est merveilleusement passé. Les parents sont même venus remercier les instituteurs… »
Enfin, dernière satisfaction, les pharmaciens qui vivent cette aventure avec l’Institut Klorane sont perçus autrement par les clients. L’opinion de Damien Castaner résume parfaitement celle des autres participants : « Les parents vous regardent différemment. C’est très important que les gens comprennent que le pharmacien n’est pas qu’un commerçant. Nous montrons ainsi qu’il connaît les plantes et qu’il est avant tout un scientifique. »
Francis Verdier, pharmacien à Mérignac, ajoute : « Cette opération de protection du patrimoine végétal donne au pharmacien un rôle qui lui permet d’intervenir dans les écoles pour transmettre son savoir. La conversation peut s’ouvrir sur d’autres sujets… Avec le public, on a aussi une approche médicale, car on met l’accent sur les vertus thérapeutiques des plantes. »
Pour cette rentrée, nos pharmaciens enseignants attendent le programme fixé par l’Institut Klorane et peut-être de nouveaux outils pédagogiques. Fin octobre, tout sera au point pour une nouvelle année scolaire !
* Bailleul, Nancy, Besançon, Lyon, Forcalquier, Montpellier, Carcassonne, Castres, Toulouse, Bordeaux, Poitiers, Brest et Paris-Rocquencourt.
La nature, meilleur chimiste que l’homme
Les pharmaciens n’oublient pas que la nature propose un extraordinaire jardin thérapeutique. Pour toutes leurs vertus (70 % des médicaments sont issus des végétaux), les plantes reviennent au galop et adultes et enfants les plébiscitent. « Tout le monde a envie de valeurs sûres et de retrouver le végétal, explique Marie-Louise Riou (photo), exerçant à Lanester et responsable de la région Bretagne pour les opérations pédagogiques. Nous avons tous des efforts à faire pour transmettre le respect de la nature…»
Georges Massiot, directeur de recherche sur les substances naturelles à l’institut de recherche Pierre Fabre, expliquait cet été, dans une interview accordée au Figaro, que « les substances que l’on trouve dans la nature ont des avantages incontestables sur les molécules de synthèse : elles sont « formatées » pour circuler dans des êtres vivants et donc mieux acceptées par les organismes… ».
La saison des champignons débute
Dès le mois prochain, le public trouvera dans 6 000 pharmacies une nouvelle brochure Klorane sur les champignons toxiques et comestibles. Parallèlement auront lieu à Lavaur (Tarn) les premières Journées nationales mycologiques, les 20, 21 et 22 octobre. Durant ces trois jours, ateliers ludiques et conférences auront pour but d’initier enfants et adultes aux différentes variétés de champignons qui peuplent prairies et sous-bois, tandis que la reconstitution du milieu naturel incitera les visiteurs à la promenade.
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