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« On ne supportera pas longtemps ce gâchis »
Le suivi du patient est incontestablement un créneau pour l’officine compte tenu des risques et du gaspillage constatés ici. Eléments d’analyse avec Francis Megerlin, docteur en droit et coauteur de l’étude « TCMNU1-IDEPC ».
A moins que ce volume de MNU résulte de prescriptions aberrantes, les résultats semblent plaider pour la révision de certains conditionnements et, plus globalement, pour la réutilisation des MNU gardés sous contrôle pharmaceutique et tracés. Mais un tel débat n’est-il pas déjà clos avec la loi interdisant de réutiliser les MNU ?
Notons d’abord que les taux très élevés de non-utilisation dès la préparation ne concernent que quelques médicaments, paradoxalement parmi les plus coûteux. Ce fait commande une analyse approfondie des pratiques médicales et éventuellement une adaptation des conditionnements, et, à défaut, du mode de délivrance (ou simplement du prix devant le CEPS). Cela permettrait déjà de réduire fortement le volume ou le coût des MNU à la préparation. La loi ayant été fort rapidement votée, avant que les données soient publiées, et sans distinguer selon les types de MNU, le débat sera facilement rouvert si nécessaire. Les faits sont têtus, les cotisants et les contribuables qui financent l’assurance maladie ne supporteront pas longtemps ce gâchis.
Réutiliser les MNU est-il réaliste compte tenu des abus constatés avec Cyclamed ?
Oui, mais effectivement pas en l’état. Cela ne pourrait d’abord concerner que les seuls MNU restés sous contrôle pharmaceutique au stade de la préparation, et totalement tracés dans l’officine grâce aux nouvelles technologies de l’information. Il faudrait en outre que les pharmaciens gagnent autant à éviter le gaspillage qu’à y contribuer involontairement. En tous cas, la profession n’a rien à voir avec quelques escrocs qui prospèrent dans l’opacité et la gabegie.
Les pharmaciens répugnent à se placer sur ce « créneau »…
Probablement parce que le débat a été dénaturé par la polémique sur les EHPAD et que l’intérêt de ces services n’est pas clairement perçu. Des pharmaciens ont aussi trouvé le moyen de dire qu’il était moins risqué sur le plan sanitaire que des infirmiers assurent la PDA. Dans la foulée, j’ai été contacté par des « associations » envisageant de salarier des infirmiers afin d’offrir la PDA systématique à leurs membres maintenus à domicile après avoir choisi l’officine en leur nom.
C’est possible légalement ?
Oui, dès lors que les médicaments ont été achetés en officine et sont préparés sans revente. Il n’existe hélas pas d’autres conditions d’information, de suivi et de traçabilité, tout repose sur la déontologie du pharmacien. Le patient peut mandater une association à cette fin, autant qu’un proche ou sa concierge. Si les pharmaciens ne développent pas des services utiles autour du médicament, ils perdront à la fois le service et le médicament. Ils doivent concevoir, tester et évaluer des offres socio-sanitaires nouvelles de proximité, et ajuster le modèle économique en lien avec les patients et les assureurs. C’est l’objet de nos études.
Vous dites que le refus de s’impliquer dans la préparation des traitements en même temps que dans le « disease management » est suicidaire pour l’officine…
Oui. Le besoin socio-sanitaire de PDA et de suivi de proximité va exploser à court terme avec le papy-boom, et le « disease management » est par ailleurs impératif pour les malades chroniques. Pour être pleinement utile, la PDA doit donc être accompagnée du suivi clinique et doit être rémunérée au titre d’une prestation pharmaceutique évaluable. L’officine doit maintenant passer d’une économie de produits à une économie de services. Ce n’est pas une crise, mais une solution à la crise, qui ouvre de grands débats de fond. A une époque de tels défis, la durée de vie d’une autruche est courte.
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