Interpro Réservé aux abonnés

« Nous pouvons décider collectivement de changer nos façons de travailler »

Publié le 1 mars 2022
Par Peggy Cardin-Changizi
Mettre en favori

Mettre en lumière les femmes qui ont des initiatives utiles en santé, remettre l’humain au cœur du système de santé et s’entraider professionnellement, telles sont les principales missions du collectif Femmes de Santé fondé début 2020 par Alice de Maximy.

PM Comment est née l’idée de créer le collectif Femmes de Santé ?

AdM Lorsque j’ai créé Hkind app, une application qui favorise le partage des initiatives de santé entre tous, je me suis aperçue que les femmes avaient du mal à se mettre en avant pour porter leurs projets de santé pertinents. Puis, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a pointé du doigt le secteur de la santé, car les femmes sont trop peu interviewées en tant qu’expertes ou médecins. J’ai donc décidé de mettre en lumière des femmes qui portent des initiatives de santé utiles et j’ai organisé avec l’école des hautes études du numérique (HETIC) une exposition audiovisuelle où plus d’une centaine de femmes sont venues discuter. Nous en avons fait un collectif porté par la start-up Hkind que j’ai créée en 2018.

PM Quelles sont ses missions ?

AdM Le collectif Femmes de Santé se réunit pour partager des expertises et progresser. Nous nous soutenons sur les réseaux sociaux et nous partageons nos initiatives, les offres d’emploi et autres sur la plateforme réservée aux Femmes de Santé. Nous accueillons des femmes de renom de la santé pour échanger de manière informelle avec elles. Chaque année, nous mettons en lumière 13 femmes qui ont réalisé des initiatives de santé utiles et humaines. En décembre 2021, nous avons organisé les premiers États Généraux de la place de la femme dans le secteur de la santé, dont l’objectif est de proposer des solutions pour limiter les inégalités de genre. Et, surtout, nous avons publié une liste de 300 expertes prêtes à intervenir sur des plateaux TV ou dans des colloques.

PM Comment intégrer ce collectif ?

AdM Il faut avant tout travailler dans le secteur de la santé et vouloir nous aider dans nos missions. Il faut également répondre au questionnaire de candidature, accepter le texte d’engagement d’entrée du collectif et si possible – mais, ce n’est pas une obligation stricte – être marrainé (e) par l’une des membres du collectif. Ensuite, c’est le comité de sélection qui valide une nouvelle candidature.

PM Combien de pharmaciennes sont-elles membres de Femmes de Santé ?

AdM Pas assez ! Des pharmaciennes de laboratoires pharmaceutiques nous ont rejointes. Mais, nous souhaiterions avoir plus de femmes en lien avec les patients et les aidants. Les pharmaciennes en officine pourraient nous apporter cette expérience et cette richesse.

PM Quelles sont vos initiatives à l’occasion de la journée de la Femme le 8 mars ?

AdM Le collectif Femmes de Santé organise un événement baptisé “Les Femmes de Santé pitchent leurs projets sur la santé des femmes”. L’occasion de mettre en lumière les projets, les initiatives, les solutions, les start-ups des femmes de santé qui améliorent la santé de la femme ! Concrètement, les femmes sélectionnées pour leur pitch gagneront de la visibilité grâce au collectif et la lauréate de l’appel à projets remportera l’accompagnement de l’équipe du collectif et de ses partenaires pour développer son projet et la visibilité de celui-ci. Les Femmes de Santé sélectionnées viendront présenter leurs projets en présentiel le 8 mars prochain à PariSanté Campus.

Publicité

PM Quel est votre regard sur le système de santé actuel ?

AdM Il est trop dur pour les soignants, trop impersonnel pour les patients, “trop à l’ouest” quand on n’est pas sur le terrain, et trop déconnecté et froid dans les instances qui ont l’autorité. Il tient parce que les personnes de terrain (dont 70 % sont des femmes) y sont investies, souvent au détriment de leur bien-être, et ce n’est pas durable. À défaut de réformer un tel système, nous pouvons collectivement décider de changer nos façons de travailler, que l’on soit du privé, du public, du secteur associatif ou pharmaceutique, soignant ou non.

PM Quel est, selon vous, l’enjeu de l’e-santé en France ?

AdM Je ne vais pas vous citer la data, la sécurisation des données de santé ou les nouveaux systèmes mis en place par l’État. Pour moi, ce qui émerge clairement, c’est l’e-santé de la femme qui ne se résume pas aux applications sur les menstruations et les périodes d’ovulation. L’e-santé de la femme permettra à mon sens de réduire nombre d’inégalités et de récolter plus de données pour mieux soigner les femmes.

PM Quels rôles les pharmaciens pourraient-ils jouer ?

AdM Les pharmaciens restent le point central et le lien humain avec les patients. Que ce soit pour la délivrance d’ordonnance aux personnes en perte d’autonomie, la gestion des stocks des médicaments et l’utilisation de ceux qui seraient bientôt périmés pour éviter le gâchis, en passant par la surveillance et l’alerte en cas de contre-indication ou les réseaux privés de partages d’informations, le digital peut aider… Et au milieu de tout cela, le pharmacien est une plaque tournante indispensable.

FONDATRICE DU COLLECTIF FEMMES DE SANTÉ

BIO EXPRESS

→ 1999/2000

Diplômée de l’institut Pasteur en biologie moléculaire de la cellule, de l’ENS en biologie-biochimie et d’HEC en marketing.

→ 2006

Création de l’activité communication et prévention des urgences sanitaires majeures à l’Inpes (Santé publique France).

→ 2010

Création et pilotage du département communication de l’ARS Ile-de-France.

→ 2018/2019

Création de la start-up Hkind et lauréate du prix innovation des trophées Elles de France.

→ 2019/2020

Création du collectif Femmes de Santé.