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Les médecins malgré eux
Au Sénégal, la population ne comprend pas toujours que tous les docteurs, même en pharmacie, ne puissent pas prescrire. Et de fait, on vient souvent consulter le pharmacien, y compris pour des problèmes graves. Les raisons sont multiples : éloignement du médecin, économie d’une consultation, manque de confiance dans les infirmiers ou aides-infirmiers qui tiennent les postes de santé*, absence de médicaments de nouvelle génération (antibiotiques notamment) dans ces mêmes postes de santé…
Le Dr Cheikh Kassé est installé à Hamady Ounaré, à 7 kilomètres du fleuve Sénégal. Le premier médecin est à 60 kilomètres. Il existe un centre de santé sur place, avec des infirmiers qui prescrivent, « mais il y a beaucoup de problèmes, notamment d’interactions. Et puis nous nous heurtons au problème des antibiorésistances car les traitements prescrits ne marchent pas ». Conséquence, Cheikh Kassé réalise 60 à 70 % de son chiffre d’affaires en conseils, au sens large (diarrhées, mycoses, bronchites, parasitoses…). « Une fois on m’a réveillé à 2 heures du matin pour venir en aide à un jeune berger qui faisait une bilharziose urinaire. L’infirmier n’était pas là, alors je suis parti dans la nuit. Sur place, j’ai trouvé l’enfant allongé au milieu du troupeau. Je lui ai donné du Biltricide et de la Naprosyne. Trente minutes après, il urinait. Dans ces cas-là, on sauve la vie. A Dakar on peut respecter la législation car il y a des médecins, mais ici… »
30 % de conseils dans la journée.
Cheikh Kassé prend également la tension et détecte des malades mal traités, avec des chiffres tensionnels inquiétants. Il lui arrive alors de donner un traitement antihypertenseur.
Le Dr Sarra Ngom exerce à Birambor, près du lac Rose. Ce biologiste de formation voit 30 à 40 clients par jour, dont un tiers pour des conseils. Lui aussi prescrit, notamment dans des cas de paludisme, de bronchites, d’infections urinaires, d’asthme… « Je fais beaucoup de choses, c’est vrai, mais je ne me confonds jamais avec un médecin. Quelquefois, c’est même l’infirmier qui m’adresse le patient pour établir le diagnostic. Si je traite une hypertension et que cela ne marche pas, je l’oriente vers un spécialiste. Parfois, avant d’orienter un malade, il m’arrive de demander des examens complémentaires, comme une PSA en cas de prostate par exemple. Je crois que je joue mon rôle d’agent de santé publique. »
* Depuis l’Initiative de Bamako, des médicaments génériques essentiels peuvent être obtenus en échange d’un prix modique dans ces postes de santé. On en trouve 1 500 au Sénégal.
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