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- « L’épidémie est devant nous, pas derrière. S’il y a moins d’activité, c’est le moment de faire souffler les équipes »
« L’épidémie est devant nous, pas derrière. S’il y a moins d’activité, c’est le moment de faire souffler les équipes »
Pour trouver du renfort, l’Ordre a évoqué le 11 mars la piste des pharmaciens retraités et du prêt de personnel entre officines. Il n’a toutefois pas identifié de « gros besoins » sur ces sujets, qui posent par ailleurs de nombreuses questions en matière de droit du travail, de sécurité et d’assurance. Résultat, aucun cadre « officiel et coordonné » ne sera mis en place par l’institution ordinale, qui préfère « encourager » le prêt de personnel au nom de la « solidarité » et appelle au « bon sens » de chacun. « Si l’un de mes confrères est embêté, je lui donnerai bien évidemment mon aide si je suis en mesure de le faire. C’est de la responsabilité de chacun », estime Pierre Béguerie. Mieux vaut en tout cas frapper à la porte d’un collègue pharmacien ou accepter l’aide d’un retraité plutôt que de compter sur la réserve sanitaire… dont les efforts sont principalement orientés sur l’hôpital.
Horaires restreints, équipes réduites
Si certaines officines doivent composer avec des équipes réduites, nombreuses sont celles à être confrontées à une baisse d’activité liée au confinement et aux problématiques organisationnelles qui en découlent. « Nous avons des baisses d’activité de 30 % en moyenne », constate le président de la FSPF, Philippe Besset. Et son homologue de l’USPO de compléter : « L’activité recule de 35 % en région parisienne et de 15 % pour la France entière et c’est encore en train de diminuer, sans compter le cas particulier des pharmacies situées dans les gares et les aéroports, où l’activité est en chute libre. » Pour s’adapter, des officines ont déjà commencé à réduire leurs horaires d’ouverture. Avant de procéder à toute modification d’horaires, Ordre et syndicats recommandent de contacter le responsable du secteur de garde pour vérifier que d’autres officines seront ouvertes, afin d’assurer la permanence du service pharmaceutique. En cas de fermeture anticipée en fin de soirée, le pharmacien « doit s’assurer que l’officine du confrère devant prendre son service d’urgence à 19 h ou 20 h puisse rester ouverte jusque-là et que ce dernier est en capacité de répondre aux demandes sur un territoire donné. Bref, il faut que les confrères d’un même territoire se parlent », résume Philippe Besset, tout en soulignant la nécessité d’informer les patients des nouveaux horaires par un affichage en pharmacie. Il est aussi, et surtout, indispensable d’en discuter avec son équipe. Dans un message transmis à ses adhérents le 27 mars, la FSPF note que la diminution des heures d’ouverture doit se faire en concertation avec les salariés, « surtout si cela conduit à modifier ponctuellement leurs horaires de travail qui sont souvent contractualisés ». Un avenant est en effet nécessaire pour modifier des horaires fixés dans le contrat de travail.
Face à une baisse d’activité, un titulaire peut profiter des dérogations offertes par le gouvernement pour, par exemple, imposer jusqu’à six jours de congés payés à ses salariés. Le chômage partiel est également envisageable. Le ministère du Travail souligne que « toutes les entreprises dont l’activité est réduite du fait du coronavirus et notamment celles qui font l’objet d’une obligation de fermeture […] sont éligibles au dispositif », dont les conditions ont été assouplies et améliorées. Mais toutes les directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) ne l’entendent pas de cette oreille, certaines estimant que les pharmacies n’y ont pas droit et doivent rester pleinement mobilisées en temps de crise sanitaire. La FSPF est encore en phase d’analyse sur ce sujet et celui des autres mesures de soutien aux entreprises en difficulté (report des échéances fiscales et sociales, report des loyers et factures, prêts garantis par l’Etat, médiation de crédit, etc.). « Il faut voir ce qui est possible pour l’officine, observe Philippe Besset. Sur le chômage partiel, nous allons prochainement sortir une doctrine en interne et on va la défendre auprès des pouvoirs publics. » Du côté de l’USPO, les dernières dispositions sont également décortiquées. « Nous sommes en train de fouiller le dédale des exceptions et de voir ce que l’on peut faire ou pas », confie Gilles Bonnefond, qui prévient : « Attention aux décisions prises aujourd’hui, il faut relativiser. L’épidémie est encore devant nous, pas derrière. S’il y a moins d’activité, c’est le moment de faire souffler les équipes. »
À RETENIR
– Le réseau officinal semble bien résister à l’épidémie de Covid-19. Très peu d’officines ont, à l’heure actuelle, baissé le rideau faute de pharmaciens sans solution de remplacement. Même en équipe réduite, les pharmacies assurent leur rôle.
– Face à l’activité de l’officine qui tend à se réduire depuis le confinement, plusieurs dispositifs ont été mis en place, sous conditions : congés payés imposés, horaires de travail modifiés, etc. Reste à éclaircir la question du chômage partiel.
– Avant de modifier les horaires d’ouverture de l’officine, pour ménager les équipes ou répondre à la baisse d’activité, le titulaire doit s’assurer auprès du responsable de secteur des gardes de la continuité des soins. Il doit aussi en informer ses patients.
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