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Le retour du patient

Publié le 16 mars 2002
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L’union fait la force, comme chacun sait. Mais plus encore, avec les associations de patients : l’union fait la vertu. Qui, parmi les professionnels de santé, oserait s’opposer à leur voix ? Quant à nos autorités de tutelle, comme on l’a bien vu avec leurs récentes exhortations à mieux faire en matière d’hépatite C, elles ne se sentent jamais plus confortables qu’en brandissant l’étendard de ces associations, tant il est vrai qu’aujourd’hui, politique rîme avec opinion publique (à moins que ce ne soit l’inverse)…

A une époque où, sous l’influence bienvenue de l’« evidence-based medicine », nous nous voyons désormais sommés de justifier nos comportements professionnels par des preuves, l’irruption du public dans le débat technico-scientifique n’est pas nécessairement une garantie de progrès. Car sous les oripeaux de la « démocratie », cette opinion publique ne cristallise-t-elle pas, en fait, les derniers vestiges de notre aspiration à la transcendance dans la gestion de la Cité ? La situation est un peu la même que celle, pas si ancienne, où l’on nous maintenait – contre « l’évidence », justement – qu’il ne pouvait y avoir de problème significatif avec une transfusion fonctionnant sur le principe sacré de la gratuité (des dons, sinon des bénéfices…). Mais notre souci des preuves doit résister aux usurpateurs du sacré : quand la décrédibilisation atteint même les ONG ou les organismes humanitaires, il faudrait beaucoup de naïveté pour ne pas apercevoir les intérêts parfois énormes qui sous-tendent la revendication des associations.

Dans sa position unique à l’égard du patient (considéré dans son individualité), le pharmacien, comme rectificateur d’information, peut être l’agent d’un contre-pouvoir très efficace par rapport aux forces du marché grimées en vox populi.

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