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« Le premier recours à l’officine, c’est aller au-delà du conseil pharmaceutique »

Publié le 20 janvier 2024
Par Matthieu Vandendriessche
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Cotitulaire d’une pharmacie à Bouguenais, en Loire-Atlantique, Valentin Legrand-Sourdillon a édité son propre outil d’aide à la prise de décision face à une situation au comptoir.

 

Valentin Legrand-Sourdillon voudrait faire de son officine installée à Bouguenais (Loire-Atlantique) un terrain d’expérimentation pour le premier recours en pharmacie. « Cela consiste en l’observation, l’écoute pour soulager à court terme, à rassurer, orienter si besoin vers le professionnel adapté tout en documentant la pratique afin de l’améliorer, expose le cotitulaire, qui est aussi vice-président de l’Association des états généraux du premier recours. Cela va au-delà du conseil pharmaceutique et de l’accompagnement à l’utilisation d’un produit de santé. Aujourd’hui, les motifs d’une consultation médicale d’urgence se sont déplacés en partie vers l’officine, mais nous n’avons adapté ni notre raisonnement ni notre pratique. » C’est ainsi qu’en observant et en poussant l’interrogatoire d’un patient venu acheter un pansement hydrocolloïde, le pharmacien l’oriente vers la consultation médicale car il boite et son pied est gonflé jusqu’à la cheville. Trois semaines de soins par une infirmière libérale et une semaine d’antibiotique lui seront prescrites. « Avec l’accord du patient, j’ai pris une photo de son pied à laquelle j’ai joint quelques lignes de description de la situation. J’ai transmis le tout au médecin, qui a pu le recevoir dans l’après-midi et avancer plus vite dans son diagnostic. »



L’appui d’un logigramme

 

Pour détecter les signes de gravité, le pharmacien a édité son propre outil d’aide à la prise de décision. « Ce logigramme généraliste vient proposer une démarche thérapeutique face à une demande spontanée sans ordonnance. Il s’appuie sur des signes et non des maladies, en tenant compte du contexte. Ce qui permet notamment, pour une même douleur dans le bas du ventre et à la miction, de ne pas faire coller l’arbre décisionnel “cystite” qu’on a sous la main à une situation qui pourrait être une endométriose. » Construite avec le Comité de valorisation de l’acte officinal, cette vision lui a valu d’être distingué pour sa thèse par l’union régionale des professionnels de santé pharmaciens des Pays de la Loire et l’association NèreS, représentant les laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent des produits de santé sans ordonnance et s’inscrivent eux-mêmes dans le premier recours en pharmacie. Cette « science de l’orientation », Valentin Legrand-Sourdillon la défend aussi comme enseignant à la faculté de pharmacie de Nantes où il a lui-même été étudiant il y a peu. Son intervention a pour cadre la délivrance de conseils en ophtalmologie, dans les troubles digestifs et en situation d’urgence. « Je souhaite que les étudiants soient curieux et qu’ils n’oublient pas qu’il faut aller chercher ce qui se passe. La personne en face de vous ne va peut-être pas tout dire. » Cette approche encourage, selon lui, la pratique en exercice coordonné, par exemple au sein d’une communauté professionnelle territoriale de santé. « C’est le lieu des initiatives novatrices. C’est intéressant quand chaque professionnel de santé apporte une analyse complémentaire sur la pratique de l’autre, dans le but d’aboutir à une décision collégiale. »

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BIO Valentin Legrand-Sourdillon

 

Diplôme de la faculté de pharmacie de Nantes (Loire-Atlantique)

En juin, il propose pour la première fois en public sa démarche du premier recours en pharmacie

Il devient, en janvier, titulaire à Bouguenais (Loire-Atlantique)