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Le pharmacien et les questions autour de la fin de vie

Publié le 6 avril 2024
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Dernièrement, le président de la République a révélé le contenu d’un texte à partir duquel le Parlement devra débattre afin de fixer la future loi proposant un modèle français pour la fin de vie. Ce qu’il en dit permettrait d’en arriver à une « aide à mourir ». Ne faut-il pas plutôt parler d’« aide médicalisée à mourir », car, en tant que soignants, nous savons que cette « aide à mourir » est déjà pratiquée par de nombreuses équipes de soins palliatifs qui, paradoxalement, se dévouent pour aider à vivre jusqu’au dernier souffle, faisant tout pour que ces personnes ne souffrent pas et ne soient pas laissées seules face à la mort.

 

Bien que non impliquées dans de tels soins, les équipes officinales peuvent parfois être de bon conseil auprès de patients ou de proches de malades dont le pronostic vital est en jeu à plus ou moins long terme. En effet, devant les différentes possibilités qui risquent de s’offrir dorénavant en fin de vie, certaines personnes peuvent être troublées, se sentant comme dépossédées de décisions ultimes, voire inquiètes quant au sort qui pourrait leur être réservé.

 

Dans ce contexte et face à de tels questionnements, il est important de rappeler que la loi du 22 avril 2005, révisée en 2016 (loi Claeys-Leonetti), donne la possibilité à toute personne d’exprimer sa volonté par la rédaction de directives anticipées et de désigner une personne de confiance. La première mesure concerne les conditions de fin de vie, en choisissant de poursuivre, de limiter, d’arrêter ou de refuser les traitements ou actes médicaux proposés, de se prononcer sur le maintien artificiel des fonctions vitales et sur d’éventuelles attentes particulières. A partir de 2016, elles s’imposent aux médecins. En sachant aussi que ces directives sont valables sans limite de temps, avec la possibilité de les modifier ou de les annuler à tout moment. La seconde mesure permet à un proche d’accompagner le malade dans ses démarches liées à sa santé et, au cas où celui-ci se trouverait hors d’état d’exprimer sa volonté, la personne de confiance serait consultée en priorité : elle devient ainsi son porte-parole.

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Il semble que trop peu de personnes jusqu’à présent aient réfléchi calmement à ce qu’elles souhaiteraient en cas d’aggravation subite de leur état de santé. Il est tellement difficile de « s’aventurer » dans le dédale de ces questions existentielles ! Selon les pathologies reconnues, les soutiens que l’on peut attendre de proches, et les souvenirs de fins de vie douloureuses ou exemplaires, est-on enclin à affronter ces interrogations : suis-je prêt à supporter un lourd handicap ? accepterais-je une perte de mes facultés intellectuelles ? ou encore : la grande vieillesse me fait-elle peur ? Quelles que soient les réponses du moment, elles sont heureusement amendables.

 

Ainsi, en sensibilisant certains patients ou proches inquiets au vu des orientations d’une nouvelle loi concernant la fin de vie, nos équipes ont la possibilité de délivrer une juste information qui rassure et incite à réfléchir, avec, si besoin, l’aide de leur médecin traitant.