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Le MAD a besoin de l’officine

Publié le 23 avril 2005
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La France comptera 30 % de plus de 65 ans en 2050 et verra la dépendance croître de plus de 50 % avec des coûts afférents (d’hospitalisation notamment)… astronomiques pour la Sécu. Alors on cherche des solutions, notamment via le maintien à domicile (MAD). « Sans soutien des professionnels de santé, il n’y a pas de MAD possible », assure le Pr Claude Jeandel, chef du service de gérontologie du CHU de Montpellier, chargé de mission auprès du ministre délégué aux Personnes âgées. On assiste déjà, par la force des choses, à un glissement des activités des aidants du social vers le médical, constate Jean Bernheim, vice-président de l’ADMR du Lot. « De leur côté, les infirmières s’occupaient souvent du médicament, or elles n’ont plus le temps aujourd’hui, poursuit-il. Les pharmaciens ne sont pas impliqués dans ces réseaux, or ils devraient l’être de plus en plus. »

Les motifs d’intégration du pharmacien dans les réseaux deviennent multiples. « Les payeurs en ont marre des dérapages et sentent que le pharmacien peut faire quelque chose », note Bernard Charles, député honoraire. « 20 % des hospitalisations des plus de 80 ans sont dues à un effet iatrogène médicamenteux évitable, ainsi générateur de surcoût », poursuit Claude Jeandel. Pour Pierre Crouchet, ancien vice-président de l’APR, le pharmacien pourrait assumer la coordination, « jouer l’interface entre le social et les soins ». « Mais il ne peut pas faire le touche-à-tout. Un jour on va nous opposer des effets iatrogènes à dormir debout », tempère Bernard Capdeville, ex-président de la FSPF, membre du Conseil économique et social.

Face au manque d’enthousiasme des généralistes pour coordonner ces réseaux, Claude Jeandel verrait volontiers le pharmacien endosser le rôle d’« aide à l’aidant » en matière d’informations. « Seulement on ne peut pas faire tomber sur les croix vertes toutes les déshérences de l’offre de soins », conclut Bernard Capdeville, évoquant notamment la désertification médicale et la liberté d’installation des médecins.

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