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Handicap et études de santé : « dans notre secteur, la prise en charge devrait être exemplaire, elle est problématique », pointe l’Anepf

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Handicap et études de santé : « dans notre secteur, la prise en charge devrait être exemplaire, elle est problématique », pointe l’Anepf

Publié le 28 février 2024
Par Christelle Pangrazzi
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En 2022, le handicap était le premier motif de discrimination en France. Faites-vous le même constat dans les études de pharmacie et de santé, en général ?

Malheureusement, oui. Les résultats de notre enquête ont mis en lumière les nombreux obstacles auxquels les étudiants souffrant de handicap ont été confrontés pour poursuivre leurs études et s’intégrer tant sur le plan académique que social. 63,2 % d’entre eux craignaient ainsi que leur « trouble » affecte la poursuite de leurs études. Plus du tiers pensait qu’il n’était pas possible d’avoir des adaptations dans le cadre de leurs études en santé. Certains nous ont même rapporté des propos difficilement tolérables et pas forcément anecdotiques de leur administration remettant en cause, par exemple, leur « capacité à réussir dans ces filières » ou les interrogeant sur « leur envie réelle de continuer ».

Ces propos ont-ils fait l’objet de signalements ?

Non, la plupart du temps, les étudiants ne maîtrisent pas les procédures à suivre. Trop peu de personnes s’autorisent cette démarche. Quant à celles qui osent, elles n’ont constaté aucune amélioration de leur situation. Les étudiants ayant témoigné directement auprès de notre association dans le cadre de cette enquête ont insisté pour garder l’anonymat de crainte des répercussions sur la poursuite de leurs études. C’est un paradoxe : nous étudions dans un secteur où précisément la prise en charge devrait être exemplaire et elle est décrite comme hautement problématique.

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Du côté des étudiants, la prise de conscience est-elle meilleure ?

Même si tout n’est pas parfait, les étudiants souffrant de handicap constatent de l’entraide et une recherche d’inclusion de la part de leurs pairs. Il y a une prise de conscience générationnelle sur la nécessité de créer une société plus solidaire. Autre point positif : l’ensemble des étudiants ont désormais à l’esprit le caractère protéiforme du handicap. Le handicap moteur constitue la partie immergée de l’iceberg mais, en réalité, 80 % du handicap est invisible : troubles dys, TDAH, maladies psychiatriques sont désormais reconnus comme un handicap. Il s’agit d’une réalité parfois difficile à faire entendre auprès d’un public plus agé.

Quels changements réclamez-vous ?

Au regard des enjeux, nos demandes sont nombreuses. Parmi les principales il y a la mise en avant des contacts des Services de Santé Étudiante (SSE) et des Services Handicap (SH) sur Parcoursup, Mon Master, l’ONISEP. Il nous paraît aussi essentiel d’assurer la confidentialité de la situation de handicap des étudiants et étudiantes lors de leur sélection, notamment sur des plateformes telles que Parcoursup ou Mon Master. 4

Nous demandons également la mise à disposition d’informations sur l’accessibilité des terrains de stage, d’un accès au suivi de la procédure de demande d’aménagements, la possibilité d’un renouvellement automatique des aménagements sans nécessité de rendez-vous préalable avec le médecin du SSE. Enfin, les établissements de formation, les facultés et universités doivent aussi mettre en place une politique de tolérance zéro envers le personnel ayant eu des attitudes discriminatoires à l’encontre les étudiants souffrant de handicap. Le chemin à parcourir est immense.