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« FACE À VOS REPRÉSENTATIONS, FAITES UN PAS DE CÔTÉ »
Laurence Rambaud est oncopsychiatre au centre Oscar-Lambret de Lille (Nord). Elle livre quelques conseils aux officinaux pour les aider à mieux se préparer aux entretiens sur les anticancéreux oraux.
Est-on davantage porté à accompagner des patients atteints de cancer lorsqu’on a soi-même ou dans son entourage été confronté à la maladie ?
Cela peut être le cas. La démarche initiale est de se demander à quoi la maladie fait écho dans notre histoire personnelle et quelle est notre représentation du cancer. Puis faire un pas de côté permet de se rendre disponible à ce qui vient du patient sans le parasiter avec nos propres représentations. Chaque patient doit être considéré avec son traitement, son parcours de vie et les ressources que constituent son entourage, son travail et ses loisirs.
Selon vous, qu’est-ce qu’une pharmacie peut apporter à un patient sous anticancéreux oraux ?
Lorsqu’ils reçoivent une chimiothérapie injectable à l’hôpital, les patients sont encadrés et entourés par le corps médical. En passant à une thérapie ciblée, ils peuvent avoir le sentiment d’être abandonnés et de se sentir en insécurité. L’officine constitue un maillon essentiel du suivi dans cette période où le patient devient davantage acteur de son traitement. Les consultations en oncologie peuvent être source de stress et de mauvaise compréhension si le langage est trop technique. La personne n’arrive pas toujours à intégrer tout ce qui lui est dit. C’est en pharmacie qu’elle va parfois débriefer sur ce qu’elle a compris. Ce moment d’échange participe à l’éducation thérapeutique.
Quels sont les mots à bannir lorsque l’on s’adresse aux patients ?
Il y a les mots que le patient choisit d’utiliser et d’autres qu’il évite de prononcer. Prenez soin de les identifier et faites comme lui. De même, certains patients veulent être impliqués et tout comprendre. Ils demandent des réponses précises et détaillées. Pour d’autres, il est préférable de s’en tenir aux grandes lignes. La personne attend de vous un certain niveau d’information qui sera supportable pour elle. L’information doit être délivrée par parcelles plutôt que d’un bloc. Dans tous les cas, utilisez des mots simples et des phrases courtes, invitez à l’échange et n’hésitez pas à reformuler. Les informations négatives, comme celles sur les effets indésirables, sont à contrebalancer par des propositions de solutions concrètes.
Comment réagir, par exemple, si le patient se met à pleurer ?
Quand un patient se sent autorisé à pleurer, c’est qu’il est en confiance avec vous. Il faut l’accueillir comme tel et lui demander s’il veut approfondir. On peut légitimer ces pleurs sans pour autant se substituer à un suivi spécialisé. Si besoin, il faut l’orienter vers une consultation de soins de support, en particulier vers un professionnel du soin psychique travaillant dans le champ de la psycho-oncologie. Le pharmacien ne peut pas à lui seul se substituer à tous les corps de métier. Face à l’évolution de la maladie, il vaut mieux renvoyer à ce qui a été dit par le médecin et se cantonner à cela. Le cas échéant, vous pouvez avoir besoin de poser vos limites et de dire en toute sincérité au patient que vous ne pouvez pas lui répondre.
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