Bernard Abahouni est un pharmacien atypique. Hospitalier et chercheur à l’Inserm, il a su tirer le meilleur des étroites relations tissées pendant ses années de formation avec des pneumologues, des cardiologues et des professeurs agrégés. Une fois installé, il s’est spécialisé dans la prise en charge et la télésurveillance des patients souffrant d’apnées du sommeil.
C’est un principe. « J’essaie toujours de transformer un inconvénient en avantage », glisse Bernard Abahouni. En 1994, il reprend à Vénissieux (Rhône) une pharmacie ouverte 24 h/24 et 365 nuits par an. Jusqu’en 2003, il met à profit ses périodes de garde en se lançant dans une activité qui réclame également des astreintes : l’oxygénothérapie et la ventilation non invasive. « Mes gardes de nuit m’ont permis d’avoir mes premières prescriptions de concentrateurs d’oxygène et de ventilateurs », explique-t-il.
En 1999, il crée sa propre entreprise, Assistance biologique et médicale (ABM). Pour faire face aux besoins d’expansion de sa société, il se voit contraint de la céder à des fonds d’investissement et en devient un « petit » actionnaire. ABM couvre maintenant le territoire national.
En parallèle, il renoue avec les bancs de la faculté et obtient brillamment trois diplômes, dont celui de physiopathologie du sommeil qui lui donne les clés pour se spécialiser dans la ventilation en pression positive continue (PPC), traitement de référence du syndrome d’apnée du sommeil (SAS). En janvier 2011, mauvais coup du sort pour Bernard Abahouni : il est exproprié du centre commercial dans lequel il exploite son officine. Correctement dédommagé, il tire parti de l’indemnité d’expropriation pour se réinstaller quelques mois plus tard à Vaulx-en-Velin (Rhône). Il crée à nouveau une file active de 700 patients qu’il vend en 2015 à une entreprise cotée en Bourse, moyennant une clause de non-concurrence de trois ans. « J’ai un contrat de conseil pour cette société, qui est déposé à l’Ordre des pharmaciens, m’autorisant à réaliser des enregistrements de polysomnographie », explique-t-il.
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En 2018, sa clause tombe, Bernard Abahouni se constitue alors son propre fonds de clientèle. « Je ne prends pas plus d’un nouveau patient par semaine », précise-t-il. Le lancement de cette activité coïncide avec l’entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire dans le SAS et les expérimentations de télémédecine en ventilation lancées par l’Assurance maladie. Pour quelques patients (pour l’instant), il a mis en place un télésuivi à domicile afin d’améliorer l’observance et l’efficacité des traitements sous PPC. La société ResMed avec laquelle il travaille a mis au point des machines qui transmettent à son système informatique, de manière sécurisée, des données – qui restent confidentielles – sur l’observance des patients sous PPC. « Ainsi, je peux alerter un patient par SMS en cas d’anomalie détectée ou de dérive d’observance. S’il y a un problème de réglage ou de baisse d’efficacité de la PPC, je peux reprogrammer la machine, à distance ou lors d’un déplacement à son domicile. Les patients (mais aussi leurs médecins) apprécient de pouvoir être en lien, si besoin, avec un pharmacien plutôt qu’un technicien. Je facture la prise en charge et la télésurveillance de la PPC au tarif de la LPP mais, l’intérêt, c’est aussi de pouvoir fidéliser le patient sur l’ordonnance. N’oublions pas que les patients apnéiques gardent leur appareil pendant au moins dix ans », souligne Bernard Abahouni.
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1987 :obtention du diplôme d’Etat de docteur en pharmacie à la faculté de pharmacie de Lyon (Rhône). 1988 :1re installation en officine à Villefontaine (Isère). 1994 :2e installation à Vénissieux (Rhône). 1999 :création de la société Assistance biologique et médicale (ABM). 2011 :3e installation en officine à Vaulx-en-Velin (Rhône).