Exercice coordonné : l’exemple de la MSP du Migennois

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Exercice coordonné : l’exemple de la MSP du Migennois

Publié le 8 janvier 2024
Par Pauline Machard
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Thomas Petit, pharmacien adjoint à Migennes (Bourgogne-Franche-Comté), sensibilisé à l’exercice interprofessionnel lors de ses études de pharmacie, est devenu membre de la maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) du Migennois. Une façon d’apporter une vision différente des patients aux autres professionnels de santé.

Il a seulement 29 ans, mais Thomas Petit couve un désir ancien, né au début de ses études : avoir à l’officine, en tant qu’expert du médicament, un mot à dire sur le traitement du patient. Il regrette de ne pouvoir exploiter sa qualification en matière d’iatrogénie, d’être peu audible lorsqu’il constate un souci sur l’ordonnance. Pour changer la donne, il en est convaincu : il faut un lien de confiance entre médecin et pharmacien.

C’est là qu’intervient l’interpro. Il y a été « sensibilisé » en 4e et 5e années, se souvient-il, et a développé « une attirance ». En 2017-2018, il fait son stage de 6e année dans une pharmacie embarquée dans un projet de MSP. Il écrit sa thèse sur la mise en place d’un protocole pluriprofessionnel, « avec la pharmacie et deux médecins » de la maison de santé. Un temps hors les murs, la MSP devient physique, monosite, en 2021.

L’ex-stagiaire, devenu adjoint, goûte aux réunions de concertation, au logiciel partagé. Il apprécie « l’aspect relationnel avec les autres professionnels ». Mais aussi « informationnel » : l’accès au dossier patient « sécurise [sa] pratique ». C’est dans ce cadre également qu’il a animé, entre 2018 et 2020, un cercle qualité médecins-pharmaciens*, visant à améliorer la coordination des soins, des prescriptions médicamenteuses. Il aurait aimé « travailler moins à la pharmacie et être rémunéré à côté pour faire ce travail titanesque », mais l’innovation n’a pas survécu à l’absence de financement.

Une vision du patient différente

L’exercice en MSP aujourd’hui, selon lui, permet au pharmacien de livrer sa connaissance du patient, « sous un angle différent des autres professionnels ». D’aborder peut-être davantage en réunion de concertation pluridisciplinaire, dans le contexte actuel de pénurie, sa « compétence de gestion des stocks ». Mais il maintient : l’apport le plus « pertinent » serait « en matière de pharmacothérapeutique. Pouvoir informer, conseiller sur les médicaments ». Ce n’est pas le cas, « faute de reconnaissance ».

Pour Thomas Petit, il est essentiel que chaque professionnel de santé « sache qui est compétent pour faire quoi » : « Aujourd’hui, on sait globalement ce que peut faire tel ou tel professionnel, mais on ne sait pas forcément qui est compétent pour faire quoi », résume-t-il. Or, reconnaître la compétence est la clé pour « accepter qu’un pharmacien puisse avoir un avis pertinent sur la prescription, même s’il n’a pas le droit de changer le médicament, de modifier la posologie ».

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* L’expérimentation a été déployée par l’unité mixte de développement professionnel continu en santé (UMDPCS) de l’université de Bourgogne.