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Elle a son métier dans la peau
Responsable du laboratoire de substituts cutanés des hôpitaux Edouard-Herriot (Lyon), Odile Damour, pharmacienne biologiste, est à la croisée de la recherche appliquée, de la clinique et de l’industrie. Mais elle garde en ligne de mire son principal objectif : soigner les grands brûlés.
Récemment encore, plus de la moitié des grands brûlés ne mouraient pas directement de leurs brûlures mais de complications infectieuses. Ce n’est plus le cas actuellement grâce aux greffes de peau. Mais parfois il ne demeure pas suffisamment de peau saine sur le corps pour réaliser une autogreffe. Il faut alors avoir recours aux greffes de peau artificielle, comme celle provenant de la culture cellulaire. Un travail quotidien pour Odile Damour et son équipe au sein du laboratoire de substituts cutanés qu’elle a cocréé. Ce qui lui tient le plus à coeur, c’est de regrouper au sein de son laboratoire des compétences complémentaires afin d’élargir le champ des capacités, le but final étant le soin au malade à travers une structure de recherche appliquée. Et c’est ce qu’elle a réussi.
De la biologie aux grands brûlés.
Odile Damour achève ses études de pharmacie en 1968 avec en poche un diplôme de pharmacien biologiste, cinq certificats de biologie et un internat des hôpitaux de Paris. Elle débute son internat à Paris (Sainte-Anne) puis le poursuit à Lyon, à l’hôpital de Lyon-Sud puis à Edouard-Herriot dans le service de biochimie. Elle aurait pu suivre tranquillement un cursus bien engagé. Mais l’hôpital Edouard Herriot abrite un centre important de grands brûlés. Cette proximité a infléchi une carrière qui aurait pu se faire entièrement sur les paillasses de biochimie. La biochimiste s’est alors rapprochée de la clinique et, à travers elle, de la recherche appliquée.
En effet, les médecins cliniciens soignant les grands brûlés étaient cruellement en manque de peau pour les greffes. Lorsque la brûlure dépassait 50 à 80 %, la mort était quasi certaine par défaut de barrière organique bactéricide. Avec le Pr Colombel, son chef de service de biochimie, par ailleurs ancien doyen de la fac de pharmacie de Lyon, Odile Damour a créé le laboratoire des substituts cutanés. Elle en est la seule responsable depuis 1999.
Son but a été de trouver un moyen pour fabriquer une peau artificielle qui puisse être greffée sur les patients. C’est ainsi qu’elle a été amenée à s’intéresser à la culture cellulaire de fibroblastes (cellules-souches du derme) et de kératinocytes (cellules-souches de l’épiderme). Un travail de recherche appliquée qui a débuté par un état des lieux de ce qui existait sur le sujet dans le monde.
Une nouvelle peau.
Les modèles américains de « néopeaux » étaient souvent imparfaits car ils ne reproduisaient que partiellement le modèle (l’une des deux couches seulement de la peau, soit le derme, soit l’épiderme).
Le problème était alors de composer un substrat nutritif permettant aux fibroblastes puis aux kératinocytes de se multiplier. Son équipe a donc mis au point une sorte d’éponge physiologique (milieu de culture). Les fibroblastes du derme prolifèrent au sein de ce milieu. Au bout de trois semaines de multiplication cellulaire, grâce à une interface, les kératinocytes de l’épiderme sont greffés. L’ensemble réalisant alors une nouvelle peau complète prête à être greffée.
Un travail de recherche avec une ouverture nécessaire sur la clinique puisque les cellules mises en culture proviennent de prélèvements effectués par les chirurgiens lors d’opérations de remodelages esthétiques. Une culotte de cheval gommée peut ainsi sauver la vie d’un grand brûlé. Un recyclage utile !
Recherche ouverte sur la clinique mais aussi sur le monde de l’entreprise puisque ces différents travaux ont permis au centre de déposer un brevet de substrat dermique au Centre national de la recherche scientifique . Mais aussi de constituer un modèle de peau pouvant servir à l’expérimentation des produits dermocosmétiques pour étudier leur efficacité et tester leur tolérance.
Développement d’une banque de cellules.
Diriger un laboratoire, c’est aussi savoir s’ouvrir des perspectives. Ainsi, parallèlement à la fabrication de cellules cutanées, la multiplication de cellules cartilagineuses, ou chondrocytes, est réalisée. Les cultures cellulaires sont déjà utilisées par les chirurgiens orthopédiques pour réparer, à l’aide de greffes in situ, les cartilages ponctuellement atteints. Le centre est également une banque de cornées.
D’autres projets sont à l’étude, essentiellement axés sur le développement du génie tissulaire et de la thérapie cellulaire. « Pourquoi ne pas créer à Lyon, en réunissant toutes les forces vives, un centre de thérapie cellulaire ? », interroge la scientifique.
Il est en effet rare de trouver réunies en un même lieu autant de potentialités différentes liées aux ouvertures sur plusieurs mondes parallèles trop rarement réunis. « La dynamique du service et son ouverture font que de nombreux étudiants en pharmacie sont passés par le laboratoire avant d’occuper des postes importants aussi bien à l’hôpital que dans l’industrie. La formation doit demeurer l’un de nos principaux moteurs de recherche », affirme Odile Damour.
Aux étudiants qui souhaitent élargir le champ de leurs activités, Odile Damour conseille « de toujours suivre leurs inclinaisons, de s’accrocher et d’aller jusqu’au bout de leurs projets ».
L’équipe du laboratoire
Le laboratoire des substituts cutanés, certifié aux normes qualité, comprend, en dehors d’Odile Damour, deux pharmaciens, quatre techniciens de production, un technicien pour la recherche, deux internes en pharmacie mais également des étudiants en DEA (en thèse de doctorat en pharmacie et en doctorat d’Etat) et des stagiaires, soit un total de quinze personnes.
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