Education thérapeutique Ne ratez pas le coche !

Pour une fois, tout le monde est d’accord. L’éducation thérapeutique du patient (ETP) dans la prise en charge des maladies chroniques est souhaitée tout autant par les professionnels de santé, les patients, le ministère de la Santé et l’Assurance maladie. Cette dernière a même défini cinq pathologies prioritaires (l’asthme, les pathologies cardiovasculaires, l’insuffisance rénale, l’obésité et le diabète) et devrait élaborer un « programme national diabète » en 2008.

Qu’est-ce que l’ETP ?

L’éducation thérapeutique du patient « vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique ». Plus simplement, il s’agit de « rendre le patient acteur de sa santé, » explique le Pr Laurent Degos, président de la Haute Autorité de santé (HAS). Les finalités sont l’acquisition par le patient de « compétences d’autosoins et d’adaptation ». Par « compétences d’autosoins », on entend apprendre au patient à soulager ses symptômes, à prendre en compte le résultat d’une automesure, à adapter ses doses de médicaments ou à initier un autotraitement. Les « compétences d’adaptation » sont moins évidentes : se connaître, savoir gérer ses émotions et maîtriser son stress, prendre des décisions et résoudre un problème. Il devenait urgent d’encadrer des pratiques hétérogènes ; le guide* élaboré par la HAS et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) est un premier pas.

Qui peut pratiquer l’ETP ?

Tout professionnel de santé impliqué dans la prise en charge d’un patient ayant une maladie chronique et formé à l’ETP : médecins, infirmières, diététiciennes, kinésithérapeutes, psychologues, pharmaciens…

Comment doit se dérouler une démarche d’ETP ?

Le guide préconise quatre temps :

– élaborer un diagnostic éducatif pour identifier les besoins de chaque patient ;

– définir un programme personnalisé d’ETP avec des priorités d’apprentissage ;

– planifier et mettre en oeuvre les séances individuelle ou collective ou en alternance ;

– réaliser une évaluation des compétences acquises et du déroulement du programme.

Et les séances ?

Une séance d’ETP dure 30 à 45 minutes. Les séances collectives s’adressent à des groupes de 8 à 10 adultes ou 6 à 8 enfants. Chacune peut nécessiter différents outils pédagogiques : exposé interactif, étude de cas, simulation à partir d’un carnet de surveillance, travaux pratiques, jeux de rôle, bandes audio ou vidéo, classeur-imagiers.

Quand proposer l’ETP ?

A trois moments clés : au moment du diagnostic ou s’il n’y a jamais eu d’ETP, ETP de suivi régulier pour consolider et actualiser les compétences, ETP de suivi approfondi ou de reprise en cas de difficultés ou de modifications de l’état de santé.

L’intérêt du guide de la HAS ?

Ce cadre général donne une visibilité à l’ETP et l’acte comme l’un des chantiers de demain. Il fait un état des lieux, montre la disparité, l’hétérogénéité (organisation et rémunération). Il démontre que l’ETP peut avoir un impact positif sur la qualité de vie.

Et ses points faibles ?

Conceptuel et peu pratique, ce guide est impossible à mettre en application immédiatement. En outre, dans l’enquête de la HAS ayant servi de support à la rédaction de la partie économique** et réalisée sur 59 structures existantes, le pharmacien n’est pas mentionné. Autre exemple : parmi les lieux où peut se dérouler l’ETP, sont explicitement cités les établissement de soins, les réseaux de santé, les cabinets libéraux médicaux et paramédicaux, les centres de santé, les établissements thermaux… mais pas l’officine.

Conseiller n’est pas éduquer

On peut par exemple envisager trois façons d’aborder la délivrance d’un lecteur de glycémie.

– L’information : « Il existe x lecteurs de glycémie. Ils ont jusqu’à 50 mémoires. Ils permettent de tracer des courbes glycémiques. Ils sont utilisables par grand froid. » Factuel et insuffisant.

– Le conseil : « Je vous conseille ce modèle à gros chiffres pour vous qui souffrez de rétinopathie. » C’est le « moi je ».

– L’éducation thérapeutique du patient : une démarche en 4 temps. Faire le diagnostic éducatif du patient (quels sont ses besoins ? Depuis combien de temps utilise-t-il un lecteur ? Quels sont sa vie quotidienne, son métier, ses loisirs ?), déterminer les compétences à acquérir (apprendre à se servir d’un appareil), choisir les méthodes à déployer pour cela (effectuer une mesure devant le patient, puis lui faire faire, puis lui demander d’expliquer à quelqu’un d’autre), évaluer la démarche d’éducation (bilan des compétences acquises, analyse des indicateurs d’efficacité à long terme comme un meilleur contrôle de la glycémie).