Déserts médicaux : les médecins cernés par les mesures de coercition

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Déserts médicaux : les médecins cernés par les mesures de coercition

Publié le 29 septembre 2022
Par Magali Clausener
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La liberté d’installation des médecins libéraux est-elle en danger ? Pour la Confédération des syndicats médicaux de France (CSMF), c’est certain. Opposée à toute forme de coercition, elle avance ses propositions pour favoriser l’accès aux soins.

Cet été, pas moins de 10 propositions de loi ont été déposées par les députés du Groupe Transpartisan* visant à restreindre la liberté d’installation ou à instaurer une coercition pour les médecins libéraux et en particulier pour les plus jeunes débutant leur activité professionnelle. Le 14 septembre 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alertait sur le vieillissement des médecins libéraux dans un tiers des pays d’Europe, dont la France : 40 % des médecins ont plus de 55 ans. « Une bombe à retardement » selon l’OMS qui menace les systèmes de santé.

Pour autant, la Confédération des syndicats médicaux de France (CSMF) est complètement opposée à des mesures de régulation et/ou de coercition. « Ça ne marche pas », a affirmé Franck Devulder, son président, lors d’une conférence de presse le 28 septembre 2022. Pire encore : « Cette tentative de coercition ferait courir un grand danger à notre système de santé », a-t-il poursuivi en expliquant que la responsabilité de la démographie et de la désertification médicales sont dues au numerus clausus « extrêmement dur » pendant des années afin de réduire le nombre de médecins et donc de dépenses de santé.

Tarif à 60 € et coordination

Alors que faire ? La CSMF présente plusieurs pistes. La première est de valoriser l’expertise du médecin afin de libérer du temps soignant, en augmentant le tarif de la consultation de niveau 2 (consultation coordonnée) à 60 € pour la première consultation chez le généraliste ou le spécialiste. La deuxième consiste en une organisation des médecins avec d’autres professionnels de santé, en particulier les infirmiers de pratique avancée. Troisième piste : la mise en place par les collectivités locales de « bus verts de santé » afin de permettre aux médecins d’aller vers les populations. Enfin, la CSMF veut que l’on travaille l’attractivité des métiers de la santé. Franck Devulder a d’ailleurs fait référence aux 30 % de places vacantes en 2e année de pharmacie, soulignant ainsi le problème d’attraction des métiers de la santé.

Téléconsultations non remboursées

Le président de la CSMF a également abordé le sujet de la téléconsultation : « Là où l’exercice est organisé, le remboursement de cabines de téléconsultations à quelques dizaines de mètres des cabinets médicaux d’une organisation, d’une SISA, d’une équipe de soins primaires, d’une équipe de soins spécialisés, n’a pas lieu d’être ». Et de citer l’exemple d’une cabine de téléconsultation installée dans une pharmacie d’une commune où exerce la secrétaire générale du syndicat Les Généralistes-CSMF qui a notamment créé une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS).

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*Groupe de travail transpartisan sur les déserts médicaux et l’accès aux soins primaires, créé par Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne (socialiste et apparenté, membre de la NUPES).