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Des réunions de concertation pour réévaluer les traitements

Publié le 13 janvier 2024
Par Matthieu Vandendriessche
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En Bretagne, pharmaciens, médecins et infirmiers libéraux participent à des réunions de concertation pendant lesquelles les situations de patients âgés sont examinées. De cette démarche de pharmacie clinique découlent des prises de décision pour optimiser les traitements.

 

Prendre un temps entre médecin généraliste, pharmacien d’officine et infirmier libéral pour discuter des prescriptions de patients âgés. Puis procéder à leur réévaluation au regard d’objectifs thérapeutiques. C’est le principe des réunions de concertation pluridisciplinaire sur l’optimisation de la pharmacothérapie des patients âgés (RCP OPPA). En Bretagne, où elles sont mises en œuvre depuis janvier 2020, près de 200 patients résidant à leur domicile ou en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en ont bénéficié. A ce jour, le dispositif couvre 13 Ehpad, quatre communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et une maison de santé pluriprofessionnelle dans les différents départements bretons. Une centaine de professionnels sont impliqués, dont un tiers de pharmaciens d’officine, précise Maud Blin, pharmacienne à l’observatoire du médicament, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique (omédit) de Bretagne, qui pilote ce projet expérimental. « La réunion peut être organisée à la demande d’un des professionnels de l’équipe de soins primaires ou du patient lui-même. Et malgré des contraintes importantes en matière de disponibilité, toutes les équipes choisissent actuellement de se réunir en présentiel à l’heure du déjeuner ou en soirée », explique-t-elle. Les dossiers sont sélectionnés selon différents critères : polypathologie, polymédication, situation clinique complexe, médicaments à marge thérapeutique étroite, iatrogénie médicamenteuse, adhésion thérapeutique insuffisante, retour d’hospitalisation, nouvelle admission en Ehpad, etc.

Un plan de médication partagé

 

En amont de la RCP OPPA, après consentement du patient, le pharmacien se penche sur l’analyse des ordonnances. La réunion qui se tient ensuite donne lieu à des discussions au sujet des traitements, sur la base des recommandations et des pratiques en vigueur. Chaque situation étudiée demande de 30 à 40 minutes d’échanges pour parvenir au consensus. Dans les différentes structures, une réunion se tient toutes les six à huit semaines, ce qui permet l’étude de deux à quatre dossiers. Chacun fait l’objet d’un plan de médication partagé entre professionnels. Cet outil de coordination mentionne et documente les interventions pharmacothérapeutiques et les suivis à réaliser : entre cinq et six sont décidés par dossier en moyenne. Le patient ou son aidant en discute également en consultation avec le médecin généraliste. « Cela peut être un ajout ou un arrêt de traitement, une optimisation du dosage, un recours à la consultation du médecin spécialiste ou d’une équipe hospitalière, un suivi biologique ou clinique tout autant qu’un rappel de vaccination ou encore une prescription de vitamine D », détaille Maud Blin. Côté financement, le dispositif bénéficie du soutien de l’agence régionale de santé de Bretagne. Les pharmaciens sont rémunérés pour la préparation des dossiers et pour leur participation aux réunions. Cette expérimentation, qui a reçu le soutien de l’Association Bon usage du médicament (Abum), va poursuivre son déploiement. Une réflexion est en cours pour ouvrir la RCP OPPA aux patients chroniques en situation complexe. Un autre intérêt de ce dispositif est pédagogique : les participants actualisent leurs connaissances au travers des cas cliniques discutés et des échanges de compétences. Un programme de formation interprofessionnel développé en partenariat avec les Omédit de Normandie et des Hauts-de-France vient en appui du dispositif. Ainsi qu’une campagne de sensibilisation des professionnels et du grand public à la réévaluation médicamenteuse lancée en mai en Bretagne en lien avec France Assos Santé, les unions régionales des professionnels de santé (URPS) et les CPTS.

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