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Des ordonnances d’IPA trop peu lisibles
Le statut d’infirmier ou infirmière en pratique avancée (IPA) a été créé dans le but notamment d’améliorer l’accès aux soins et la coopération entre professionnels. Le renouvellement des prescriptions fait partie des missions attribuées.
Grâce à de nouvelles formations universitaires, les infirmières et infirmiers expérimentés (avec au minimum trois ans de pratique) ont la possibilité de passer le diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée, créé par la loi de modernisation du système de santé de 2016 et officialisé par un décret paru en 2018. Moderniser, oui, mais tout n’est pas si simple à l’heure actuelle dans la pratique…
« Il s’agit de formations sur deux ans. La première année se déroule autour d’un tronc commun, la deuxième est spécifique à un domaine précis choisi par l’infirmier », explique Pascale Wanquet-Thibault, cadre supérieur de santé. En tout, cinq mentions sont ouvertes correspondant aux spécialités médicales : les pathologies chroniques stabilisées et les polypathologies courantes en soins primaires ; l’oncologie et l’hémato-oncologie ; la maladie rénale chronique, la dialyse, la transplantation rénale ; la psychiatrie et la santé mentale ; les urgences.
Des failles dans la vérification
Les IPA diplômés travaillent au sein d’une équipe médicale (en établissement de santé ou en ambulatoire, dans une maison de santé par exemple) pour assurer le suivi de patients. Ils sont autorisés à renouveler des prescriptions effectuées par un médecin, « mais uniquement dans le domaine dans lequel l’IPA a été formé et pour lequel il a le patient en charge », précise Pascale Wanquet-Thibault. Et c’est là que le bât blesse pour les pharmaciens. Comment vérifier que le prescripteur est bien IPA et que les médicaments qu’il prescrit sont bien liés à sa mention ? Dans la pratique rien ne permet de différencier une ordonnance rédigée par un infirmier d’une ordonnance d’IPA. Ni de savoir dans quel cadre celui-ci intervient dans le parcours du patient. Si on se réfère aux textes en vigueur, un IPA en oncologie ne peut pas, par exemple, renouveler une ordonnance d’antalgiques s’ils ont été prescrits par un spécialiste de la douleur, mais uniquement les traitements prescrits par l’équipe médicale avec laquelle il travaille, alors que cela semble complémentaire à la prise en charge du patient. « Il est vrai qu’il existe des failles dans le système et nous nous en rendons compte au fur et à mesure avec les retours d’expérience de nos collègues », explique Pascale Wanquet-Thibault. « Il faut revoir les règles de base pour que tout le monde y trouve son compte, patients, infirmiers et pharmaciens ».
POUR L’INSTANT, PAS D’INDUS…
« Nous sommes questionnés par les pharmaciens qui ne savent pas comment contrôler la conformité de l’ordonnance et vérifier que l’infirmier qui l’a rédigée est bien un IPA autorisé à la renouveler », expose Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Appeler l’infirmier n’est pas suffisant. « Tout cela manque de souplesse, le pharmacien doit pouvoir vérifier l’identité de l’IPA et son droit de prescription, qu’il a l’accord du médecin pour ce renouvellement et qu’il existe un protocole entre ces deux professionnels », réclame-t-il auprès des caisses primaires d’assurance maladie (CPAM). La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a également interpellé les services de l’Assurance maladie. « Ce sujet est en cours de traitement, nous attendons des règles et des consignes précises pour pouvoir contrôler et délivrer les renouvellements d’ordonnances d’infirmiers », précise Philippe Besset, président de la FSPF.
A ce stade, aucun pharmacien, à la connaissance des deux syndicats, n’a fait l’objet de récupérations d’indus de la part des CPAM.
François Pouzaud
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